Tunis — Des manifestants ont pris coutume de se rassembler, chaque mercredi, face du siège du ministère de l'Intérieur à Tunis, pour décrier l'opacité, clamer la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, sur les assassinats politiques des deux martyrs, Chokri Belaid et Mohamed Brahmi.
Leurs rassemblements se comptent par centaines. Ce mercredi, c'est la 500ème manifestation de protestation périodique qu'ils tiennent depuis la perpétration de ces deux crimes qui ont ébranlé le pays, selon le secrétaire général du parti des patriotes démocrates unfié (Ppdu), Zied Lakhdar.
Il s'agit d'une "manifestation symbolique et exceptionnelle", a-t-il dit, ajoutant qu'aujourd'hui, après 500 semaines de manifestations, soit à peu près dix ans depuis ces deux crimes, la question de assassinats attend d'être tranchée, s'est-il exprimé sur un ton amer.
Le processus de son dénouement n'a pas avancé d'un iota, ce qui en soi est une source d'appréhensions et de moult interrogations, a-t-il regretté.
Pis encore, la passivité de l'État à boucler ce dossier en dix ans, a-t-il dénoncé. Cette conduite dénote l'existence de manquements à de multiples niveaux et révèle aussi l'implication de nombreuses parties à qui ne déplaît pas de dire la vérité.
De son côté, le secrétaire général du parti du Courant populaire, Zouheir Hamdi, a saisi l'occasion pour rappeler que par-delà le nombre symbolique, cette 500e manifestation vient réaffirmer que nous n'avons jamais oublié nos martyrs, Belaid et Brahmi, et que nous sommes résolus à demander des comptes aux responsables de ces crimes loin des "arrangements et règlements sous table".
Si intention il y a de bâtir un avenir meilleur pour ce pays, il est plus que jamais nécessaire de demander des comptes aux personnes impliquées dans le terrorisme, les assassinats et la corruption, a-t-il fait savoir.
Il est tout à fait inadmissible d'instaurer un dialogue et un partenariat dans l'avenir alors que les corrompus bénéficient encore de l'impunité, a-t-il encore martelé.
On le sait tous, le règlement de ce "legs" frustrant nécessite sans nul doute une justice équitable et indépendante, a-t-il renchéri
Hélas, celle-ci n'a pas été réalisée à ce jour, malgré les avancées accomplies dans certains dossiers, notamment dans les dossiers de l'envoi des jeunes vers les foyers de tension et les assassinats, a-t-il regretté
Pour mémoire, Chokri Belaïd, avocat et leader de gauche, avait été assassiné le 6 février 2013. Mohamed Brahmi, député et coordinateur général du Courant populaire, a été assassiné le 25 juillet de la même année. Les deux ont été tués par balles à bout portant.