Séparer les bons grains de l'ivraie. C'est le défi qui s'impose à chaque état-major politique à environ dix mois de la présidentielle.
Le grand chamboule-tout a commencé depuis des mois au sein des différentes forces politiques. L'objectif est de se mettre sur le devant de la scène afin de mieux attirer la sympathie des membres du parti. Pour éviter de se faire éclipser par des éléments trop ambitieux ou pour mieux soigner leurs images, avant le lancement officiel de la campagne électorale, des partis politiques devraient se séparer de quelques têtes devenues gênantes. Dans un camp comme dans un autre, un coup de lifting ne fera pas de mal. Un passage que le parti Tiako i Madagasikara (TIM) et l'Isika Rehetra Miaraka amin'i Andry Rajoelina (IRD) devraient envisager, compte tenu de leurs ambitions à la prochaine élection. Quant au Hery Vaovao ho an'i Madagasikara, le parti a certainement appris de la dernière présidentielle.
Principes
Le TIM est le premier à devoir retirer une épine de son pied. Depuis déjà presque deux ans, le courant ne passe plus entre le bureau politique du parti et les deux députés qui se comportent comme de véritables électrons libres. Les députés Fidèle Razara Piera et Hanitra Razafimanantsoa n'étaient plus présents lors des différentes manifestations organisées par le Tiako i Madagasikara. Même durant la cérémonie de présentation des vœux au président national du parti, qui devrait être un moment d'unité et de solidarité pour tous les zanak'i Dada, à Faravohitra, ils ont brillé par leur absence. Des inconditionnels du TIM ont même chuchoté que ces élus ont juste utilisé le nom de Ravalomanana comme strapontin politique à Tsimbazaza, puis ils ont ensuite tenté de doubler l'ancien président. " Il faut se séparer d'eux au plus vite car ils font des choses qui vont à l'encontre des principes du parti ", a-t-on indiqué. Lors de son allocution ce 2 janvier, Marc Ravalomanana a même indiqué que " parfois, vous oubliez que je suis Dada ". Et qu' " il faut arrêter tous les calculs politiques ". Un appel que le député Rodin Rakotomanjato a certainement attendu, le poussant ainsi à retourner au bercail. Ce dernier était présent à Faravohitra ce lundi bien qu'il fasse partie de " la Bande à Fidèle ". Néanmoins, face à cette situation délétère, l'ancien président n'a jamais pris de position et a préféré garder son statut de ray aman-dreny.
Scandales
Dans le camp d'en face, des élus et des responsables IRD ont fait parler d'eux durant cette présidence de Rajoelina. Suspicion de corruption, usurpation de fonction, trafics en tout genre ou encore suspicion de scandale sexuel, on aura tout vu avec cette classe dirigeante. La dernière en date était l'affaire dans laquelle le nom de la députée Lanto Rakotomanga a été cité, à tort ou à raison. Des comportements qui ne font que ternir l'image du président Rajoelina. Des élus comme Brunelle Razafitsiandraofa, qui ne cesse de défier le pouvoir central, n'arrangent pas les affaires du parti de la majorité. Et les adversaires du régime vont profiter de chaque occasion pour rappeler ces scandales afin de gagner des points. En tout cas, dans les mois qui vont suivre, l'IRD devrait prendre des décisions, pour ne pas se voiler la face, afin de soigner l'image de son poulain, même si celui-ci a encore la cote malgré les différents déboires des élus de son parti.
Leçons
Lors de la dernière course à la Magistrature suprême, le Hery Vaovao ho an'i Madagasikara (HVM) de l'ancien président Hery Rajaonarimampianina s'est fait avoir comme un " bleu ". Cette fois, l'ancien parti fort a pris des leçons. Ces quatre ans de traversée du désert ont montré aux cadres du parti qui sont leurs vrais amis. Notons qu'après la défaite de Rajaonarimampianina, au premier tour de la présidentielle de 2018, le parti a fait face à une véritable hémorragie. Ses principaux cadres ont préféré rejoindre le camp des " Orange ". En pleine reconstruction, le HVM veut avoir des membres qui partagent réellement l'idéologie et les principes du parti. Les Manga ne comptent pas faire de nettoyage mais ils sont obligés d'opérer un tri minutieux parce l'histoire leur a déjà montré que la confiance se mérite.
