Hier, cela faisait 10 ans que l'opération Serval, du nom de ce félin du désert, a été lancée.
Lorsque les terroristes qui avaient fait main basse sur le septentrion malien l'année précédente fonçaient sur Bamako, les forces spéciales françaises, sur instruction du président François Hollande, ont dû intervenir en urgence le 11 janvier 2013 pour stopper la marche djihadiste qui s'annonçait victorieuse sur la capitale malienne. Le 1er août 2014, Serval laissera officiellement la place à Barkhane.
10 ans après, il n'y a vraiment pas de quoi pavoiser à l'occasion de cet anniversaire. Les forces françaises sont certes parvenues à trancher certaines têtes de la multinationale du terrorisme qui font la pluie et le beau temps au Sahel, mais cela n'a pas suffi à endiguer la spirale terroriste.
Très vite en réalité, après les premiers mois de succès sur le terrain, la France s'est embourbée dans les sables mouvants maliens et le cancer qui avait commencé à ronger le Mali s'est métastasé depuis, gagnant le Niger et le Burkina et menaçant même le Golfe de Guinée.
Le Coq gaulois aura lui-même laissé des plumes avec 58 soldats tués en une décennie, même si pour certains esprits chagrins, cela n'a rien à voir avec le prix du sang payé par les tirailleurs sénégalais pendant les deux grandes guerres mondiales. Sans compter le désamour de plus en plus prononcé entre l'Hexagone, accusé le plus souvent de tous les péchés de nos pays, et une partie de nos opinions nationales qui appelle au divorce pour signer un nouveau contrat diplomatique avec d'autres partenaires, notamment la Russie "poutinienne" et ses mercenaires de Wagner. Certains ont même accusé la France, dans le meilleur des cas, d'être incapable, malgré son "invincible" armada, de venir à bout de l'hydre terroriste et, dans le pire des cas, de pactiser avec l'ennemi pour des desseins inavoués.
Résultat, le Coq gaulois a été chassé de sa basse-cour malienne par l'Ours russe et au vu de la dégradation de ses relations avec le Burkina, il y a aussi de gros risques que ce soit le cas avec la Patrie des hommes intègres. Il ne resterait guère plus alors que le Niger comme dernier îlot de la présence française dans le Sahel.
Mais il serait trop facile et trop commode de tenir l'Hexagone pour seul responsable de cette chienlit sécuritaire dans laquelle nous pataugeons depuis. Car pendant qu'on met à l'index l'armée tricolore, qu'ont fait nos armées nationales depuis ? Totalement délaissées, sans formation, sans moyens et minées par une corruption endémique, à l'image de nos sociétés, elles ont contribué à aggraver la situation.
En tout état de cause, comme pour reprendre un proverbe africain, celui qui dort sur la natte d'autrui dort par terre. Rapporté à la situation sécuritaire, qu'il s'appelle France, Etats-Unis, Chine, Russie ou même Turquie, tant qu'on continuera à sous-traiter notre propre sécurité avec des puissances, grandes ou moyennes, on ne sortira jamais de l'ornière.