L'incendie a démarré ce jeudi vers une heure du matin. Des dizaines de boutiques et de nombreuses marchandises ont été détruites.
Un incendie d'origine inconnue a embrasé l'un des grands marchés de la ville de Beni, au Nord-Kivu, dans l'est de la République démocratique du Congo.
L'incendie a démarré ce jeudi vers une heure du matin. Des dizaines de boutiques et de nombreuses marchandises ont été détruites. Ce marché, situé au centre de la ville, est considéré comme le grenier de la ville de Beni où de nombreux habitants, qui n'accèdent plus à leurs champs en raison de l'insécurité dans la région, font du petit commerce pour vivre.
La lenteur de l'intervention des pompiers explique aussi l'ampleur du sinistre, en dépit du fait que le marché est situé à proximité de grandes institutions publiques de la ville, comme la mairie, le tribunal de grande instance, la prison pour femmes et enfants et l'hôpital général.
Jeannine, commerçante, est arrivée à six heures du matin au marché dit de Mayangose à Beni. Les larmes aux yeux, elle constate que tout son capital est réduit en cendres.
Elle fait partie des nombreuses autres femmes déplacées de guerre qui ont redémarré leur vie dans la ville de Beni grâce au petit commerce dans ce marché.
"Tous mes poissons ont été calcinés, il n'y a plus rien, tout est fini, je ne sais pas comment je vais vivre avec mes enfants. Je commençais à m'intégrer dans la ville. Je ne comprends pas comment une telle catastrophe m'arrive. Les rebelles nous ont chassés dans nos champs. J'arrive en ville, on brûle le commerce qui me faisait vivre. Je ne sais plus où aller et comment vivre ici à Beni", se lamente-t-elle.
Bilan lourd
Le responsable de l'association coopérative des producteurs et fournisseurs des produits agricoles et vivriers de la ville de Beni parlent de plus de 280 maisons de commerce incendiées, 800 étalages détruits et plus de 100 tonnes de nourritures qui auraient été calcinées.
Uzima Kambale Muhavi regrette que malgré les alertes, rien n'ait été fait plus tôt pour éviter ce genre de sinistre.
"Ce marché est le poumon de Beni, nous sommes dans une situation très critique. Le gouvernement doit voir comment assister les victimes de cette catastrophe. Nous avons alerté tout le monde mais nous regrettons que tout a été brulé sans qu'il y ait une intervention", explique Uzima Kambale Muhavi.
Ce jeudi matin, la foule a envahi le lieu de l'incendie pour constater les dégâts. Les activités commerciales ont été paralysées dans la ville suite à ce drame.
Critiques contre les autorités municipales
Certains habitants sont très critiques envers les autorités municipales.
"On devrait quand même avoir un véhicule anti-incendie dans cette ville ! Le commerçant paie ses taxes et impôts à l'Etat mais il n'a rien en retour. Ils sont très courageux pour nous faire payer les taxes mais ils ne garantissent rien. Combien coûte un véhicule anti-incendie ? s'il avait été là, on ne serait pas arrivé à toutes ces pertes", estime, très amer, un commerçant, Fabrice Kakule.
"On n'a pas le matériel adéquat"
Jean Paul Kapitula, responsable du service de la protection civile de la ville de Beni, s'inquiète que l'Etat n'ait pas mis à la disposition de son service, les moyens nécessaires pour faire face à de telles catastrophes.
Un plan de contingence existe mais il n'a jamais été appliqué faute des moyens, regrette-il.
"On a pu évaluer que plus de 500.000 dollars seraient partis en fumée dans cet incendie la nuit dernière. Il n'y avait pas moyen qu'il y ait une réponse parce que le feu était tellement brûlant que nous ne pouvons pas l'arrêter. Nous avons un personnel qui est formé dans les sapeurs-pompiers mais on n'a pas le matériel adéquat pour répondre à de telles situations. Nous avons un plan de contingence mais qui n'a jamais connu d'appui financier afin que la population apprenne comment faire face à des catastrophes pareilles, parce que l'on ne peut jamais répondre à des catastrophes pareilles avec si peu de personnel", explique Jean Paul Kapitula.
La ville de Beni compte environ 800.000 habitants. Elle a été victime de nombreuses attaques terroristes attribuées aux rebelles ADF, actifs dans cette région. Certains analystes à Beni soupçonnent ainsi un incendie criminel.
Les autorités locales, elles, attendent la fin des enquêtes pour se prononcer. Tout ce qu'on sait, selon les premières informations, est que cet incendie est d'origine électrique, a expliqué à la DW le responsable de la protection civile de la ville de Beni.