Burkina Faso: Bamako-Abidjan - La fin des brouilles ?

11 Janvier 2023

Le Président de la Transition malienne, le colonel Assimi Goïta, va-t-il répondre à l'invitation de son homologue, Alassane Ouattara, à effectuer une visite officielle en Côte d'Ivoire ? Il est difficile de répondre à cette question. Pour le moment, le mystère reste entier, tant le locataire du palais de Koulouba est très réservé et casanier. Depuis son accession au pouvoir en mai 2021, le colonel Goïta a fait très peu de déplacements ou de visites officielles hors des frontières maliennes.

L'homme fort de Bamako, qui a vomi l'ancienne puissance coloniale, la France, au profit de la Russie, semble plus préoccupé par les affaires intérieures de son pays, que par les salamalecs. L'invitation du Président Ouattara intervient au lendemain d'une grave crise politico-diplomatique qui a mis à mal les relations de longue date entre le Mali et la Côte d'Ivoire. Le 8e contingent d'Eléments de Soutien Nationaux (NSE), formé de 49 militaires ivoiriens, dépêché à Bamako pour prendre la relève d'une mission onusienne, s'est retrouvé au cœur d'un scandale.

Accusés de déstabilisation par les autorités maliennes qui disaient n'être pas au courant de leur venue, les soldats ivoiriens concernés ont été mis aux arrêts, le 10 juillet 2022. Bamako n'a-t-il pas qualifié les intéressés de " mercenaires " ? La preuve que les dirigeants maliens n'ont pas pris à la légère cette affaire. Le gouvernement ivoirien a appelé à la libération des 49 soldats, rien n'y fit. Même l'ultimatum de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) exigeant la remise en liberté des soldats ivoiriens avant le 1er janvier 2023 n'a pas suffi à faire plier la junte malienne.

C'est la carte de la diplomatie qui a fini par l'emporter. Dans un premier temps, la médiation du Président togolais, Faure Gnassingbé, a permis de relâcher les trois femmes du groupe, ramenant le nombre de soldats ivoiriens détenus sur le sol malien à 46. S'en est suivie l'approche diplomatique, initiée par les autorités ivoiriennes, qui a permis la libération des 46 soldats après leur jugement, même si nous ne sommes pas dans le secret de l'accord signé entre les deux parties.

Les 46 soldats ivoiriens ont été condamnés, le 30 décembre 2022, par la justice malienne à 20 ans de réclusion criminelle et les trois femmes soldats, qui avaient déjà regagné le bercail, à la peine de mort par contumace. Tous ont été par la suite graciés par le colonel Goïta, le vendredi 6 janvier dernier, avec remise totale de peines. Aussi, les 46 soldats qui étaient encore à Bamako, ont-ils pu retrouver leur chère patrie, le lendemain. L'orage est passé et il reste à voir ce que l'avenir réserve à la coopération ivoiro-malienne.

D'ores et déjà, les exécutifs maliens et ivoiriens ont promis de renforcer leurs liens de bon voisinage, de fraternité et d'amitié. Qu'il en soit ainsi. Si Bamako et Abidjan semblent présenter les signes d'un couple réconcilié, il ne faudrait pas aller trop vite en besogne en tirant un trait sur les brouilles entre les deux pays. On le sait, le Président Ouattara est très proche de Paris, au point de passer dans une certaine opinion malienne et africaine comme un valet local de poids de la France dans la sous-région.

Ce qui n'est pas le cas d'Assimi Goïta, un pro-Russe. La relation entre la Côte d'Ivoire et le Mali se ravive donc sous fond de rivalités géopolitiques, qu'on se demande si elle peut prospérer. Il n'est pas question de jouer aux oiseaux de mauvais augure, mais de faire preuve de réalisme. Au-delà de toutes les considérations, la Côte d'Ivoire et le Mali ont tout intérêt à coopérer, pour le bien de leurs populations respectives.

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