Le Forum pour la cohésion et la paix au Maniema, qui devait s'ouvrir hier jeudi 12 janvier, dans la ville de Kindu, vient d'être renvoyé sine die. Sans précision sur les raisons réelles qui ont milité en faveur de ce report.
L'on sait seulement que la première raison est que certaines organisations féminines avaient prévu le même jour, la tenue des marches de protestation contre les atrocités commises dernièrement sur les femmes militaires et épouses de nos vaillants soldats engagés dans les différents fronts à l'Est. S'il est vrai que ces tueries avaient suscité une vague d'indignation générale et n'ont pas laissé les coeurs sensibles indifférents, dans tout le pays, l'opinion nationale s'est soulevée contre ces massacres qui n'en finissent pas d'endeuiller des pans entiers du territoire national.
Préparé depuis près d'une année, le Forum pour la cohésion et la paix au Maniema visait à réunir bon nombre de compatriotes, aussi bien ceux provenant de provinces que ceux de la diaspora, autour des questions vitales qui touchent à la cohésion nationale et la paix. Toutes les forces vives de la nation étaient invitées à venir exposer leurs cahiers de charges et déballer les points de divergence et de désaccord qui fragilisent depuis des décennies, la coexistence pacifique entre les groupes ethniques.
Des représentants de forces négatives devaient y faire des déclarations solennelles de leur désengagement à la lutte armée pour opter pour des revendications politiques, économiques et sociales que les élus locaux devraient soumettre plus tard au parlement.
L'on apprend qu'alors que tous les préparatifs étaient au point, des sons discordants sont venus perturber l'organisation de ce forum de la dernière chance pour asseoir la réconciliation et la paix au Maniema.
Dans certains cercles politiques, on laisse entendre que certains groupes armés réfractaires au Programme de démobilisation, désarmement, réinsertion communautaire et sociale, toujours enclins à maintenir les privilèges d'entretenir des villages sous leur gestion et d'exploitation artisanale des ressources naturelles, sont parmi ceux qui se réjouissent de ce renvoi de ce forum sine die.
Il est cependant regrettable qu'une telle manifestation, qui vise à débattre de la réconciliation nationale, de la cohésion et de la pacification du territoire national à l'échelle provinciale, soit renvoyée aux calendes grecques.
On sait que l'organisation matérielle a nécessité le déblocage des fonds importants pour financer les billets de voyage, les frais d'hébergement, de transport, de restauration, et de location des salles de conférences. outre, certains participants avaient pris congé de leurs milieux professionnels pour les besoins de cette grande rencontre.
On signale que nombre d'entre eux avaient déjà atterri à Kindu et n'attendaient que la cérémonie d'ouverture officielle et le démarrage des travaux. Le comité d'organisation, le personnel administratif, les agents de sécurité, les hôtesses et les médias appelés à couvrir ce forum, se sont trouvés se tourner les pouces Ils ne savaient pas à quel saint se vouer, faute d'une information crédible sur le renvoi sine die de ce forum. Quel gâchis !
Parmi les organisateurs qui s'en plaignent, on peut citer l'évêque de Kindu très attaché à la cause de la paix et soucieux de voir son diocèse influer sur le défrichage du terrain pour ensemencer les graines de la cohésion et de la paix. En outre, son message allait certainement cadrer avec celui de l'arrivée du Pape François en RDC prévue à la fin de ce mois.
En l'état actuel, rien n'indique qu'une structure associative, que des notables de ce coin du pays, des opérateurs économiques, des membres de la diaspora, des officiels et des autorités politico-administratives étaient disposées à mettre la main à la poche pour sauver ce qui peut l'être ou projeter l'organisation d'un tel forum pour les mois à venir.
Sur le terrain, en attendant le démarrage des opérations du Programme DDRCS , la situation est délètere. Des coins encore sous le joug de groupes armés où l'on devrait restaurer l'autorité de l'Etat, doivent vite rejoindre les territoires libérés par les forces négatives.