Congo-Brazzaville: Portrait - Mirna Kintombo, l'image, coup de cœur, coup de pioche et coup du destin

Photographe de passion et de profession, Mirna Kintombo, paré de ses 32 ans, en a vu des belles derrière l'objectif de son appareil. Si l'aventure photo dont il est le héros a commencé tel un loisir de cour de récré, elle a fini par faire son devenir, le classant parmi les artistes photographes les plus en vue de Brazzaville.

Le destin d'une âme ne se dessine en embryon parfois que dans un simple coup de cœur ; une étincelle dûment entretenue qui devient une évidence puis un grand feu de passion, contribution unique et rare pour la communauté, pour l'humanité.

Né à Kindamba, dans le département du Pool, Mirna Franchelie Kintombo fait ses classes à Brazzaville où il se dessine un avenir de technicien en mécanique générale. Pourtant, peu avant l'obtention de son Brevet d'études tecnhiques, Mirna, jeune élève, entretient une passion inédite, celle des images.

Il aime les images de tout type, de tout horizon, les collectionne. Armé des ciseaux du tiroir de la maison, il découpe les magazines, les revues, les affiches : tout ce qui lui tombe sous la main et qu'il trouve trop bien, trop stylé.

Collectionneur d'images, il en revêt les murs de sa chambre ; les regarde, s'en passionne mais ne sait pas comment les faire. Au fait, comment on les fait, les images ?

En réponse à cette question qu'il ne se sera peut-être pas posé ouvertement, le destin répondra providentiellement.

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Classe de sixième, un copain emmène un trésor en cour de récré : l'appareil photo de son grand-frère. Mirna en tombe amoureux et trouve là une occasion de se faire un peu d'argent ; en tirant le portrait de ses camarades. Il loue alors de temps en temps l'appareil qu'il finira par acheter, ne pouvant plus s'en passer.

Sociable, Mirna se met à squatter les canapés poussiéreux des studios-photos de son quartier pour développer les photos de ses futurs clients qui ne demandent qu'à voir son talent. Mais voilà, les aînés en photo ne sont pas toujours corrects, l'espace de sa pellicule ne revient pas toujours intact de la chambre noire. Il lui faudra apprendre à tout faire lui-même ; poursuivant ainsi sa petite étincelle photographique.

En autodidacte, Mirna se fait son chemin mais son appareil n'est pas au point, pas du niveau de sa soif d'apprentissage. Il doit se faire la main, n'hésite pas à les tremper les deux dans le cambouis, se faire un peu d'argent pour acheter un vrai appareil professionnel. Enfin.

Premier appel à projet artistique qui s'ébruite entre les murs des studios des quartiers. " Artistique ", Mirna ne connaît pas. Pas encore. Ses amis et aînés lui disent tout son talent, il y va, en vrai challenger.

Devant le jury des septièmes Jeux de la Francophonie de Nice, seul le talent de Mirna parle ; lui n'a pas les mots et ne les trouvera pas. C'est à cette occasion et encouragé par le jury convaincu par son potentiel mais incapable de le retenir à ce moment-là qu'il va faire la rencontre du collectif Génération Elili auprès de qui il recevra une formation " artistique " lui ouvrant les portes d'un univers qu'il ne connaissait pas. " La photographie, c'est pas que des portraits d'anniversaires ".

Pourtant, le portrait, la vie sociale, l'esprit des communautés est bien la force de Mirna qui photographie la rue, autrement. Les séries qu'il développe au sein du collectif et selon ses quêtes personnelles saisissent la sensibilité d'une communauté qui trouve sa sacralité dans la lutte contre l'étau collectif.

" La prostitution " " Les porteurs " " La fonderie " " La sueur de l'homme " sont ainsi les thèmes et travaux qui font sa distinction à Brazzaville, à Porto-Novo et à l'international.

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