Après la conquête par les souverains d'Antananarivo, le pays bezanozano est placé sous un gouvernement merina. Selon Jean-Louis Ndemahasoa (Bulletin de Madagascar d'avril 1969), celui-ci se compose d'une double autorité, militaire et civile.
La première est constituée hiérarchiquement d'Amboninjatovo, puis de Tomponarivo et enfin de Vodivona. La seconde est également formée de la même façon: Bem-paritany, Mpitantsaina et Vodivato. " Les Merina étaient plus intelligents, ils considéraient dédaigneusement d'anarchistes les Bezanozano qu'ils n'ont pourtant jamais vaincus à eux seuls. "
D'ailleurs, les Bezanozano se révoltent souvent sans être pour autant des " fanatiques à la lettre". L'auteur signale que Radama Ier bute contre ce peuple jamais conquis et a des mots malheureux, dont l'expression " la terre m'appartient " est " la plus détestée de l'âme paisible du Bezanozano ". Depuis, les révoltes ne cessent et " il a fallu le général Gallieni pour tout arranger finalement ".
Jean-Louis Ndemahasoa mentionne que le peuple bezanozano est l'un des plus anciens de la Grande ile. Il s'est acquis un " caractère très curieux " que les Masa (généraux) prouvent de façon éclatante. " Pour un évènement qu'ils ne voulaient, par exemple, pas admettre et qu'à bout de leur génie, ils ne pouvaient plus éviter, ou pour des idées qui n'étaient pas de leur entendement ou de leur goût, mais que, par des circonstances, ils devaient voir naitre dans leur Ankay... nos Masa s'enterraient vivants. À la honte, ils préféraient noblement la mort, et cela, ils le réalisaient de façon spectaculaire... "
L'auteur de l'étude déclare alors que les nobles d'autres peuples malgaches n'ont jamais agi ainsi. Il cite le cas de Bosy qui trahit pour la paix des Tsimihety, Impoinimerina pour les Bara, Tsialàna II pour les Antankarana, Volamana et les douze chefs chez les Betsimisaraka, Rasanjy qui se retourne contre le plus valeureux des Merina, Rainandriamampandry... " Tous ils préféraient la soumission aux luttes... Les gens du pays des ronces ne furent jamais pris, mais n'est-ce pas à cause du pays si difficile et des ronces ? "
L'auteur renchérit que les Masa détestent trahir et que s'il y a des traîtres parmi eux, ce sont des "Valy-vontaka " merina (migrants de longue date). C'est pourquoi, ajoute-t-il, les Bezanozao continuent à respecter les Masa, vénérant les lieux où ils se sont délibérément sacrifiés par un suicide spectaculaire. Ils appellent ces lieux Tsiandroràna (où l'on ne crache pas) et Fady (tabou). En tout, il y a six grottes, six Vozontany, deux sommets et un lac, " tous, dans le sein de l'Ankay, devenus les derniers berceaux des traditions ".
Jean-Louis Ndemahasoa précise également que les Bezanozano n'ont rien d'un peuple révolté, ni anarchiste. Ils aiment tout simplement la liberté, leur liberté. Toutefois, pour que cet amour de la liberté soit noble, ils doivent sentir le vif besoin de développer leur personnalité, par le moyen d'une vaste culture générale, " richesse qu'il n'a pas encore, jusqu'à maintenant (ndlr : en 1969) et qui l'accule à la primitivité ".
Enfin, les Bezanozano font preuve d'une grande cohésion qui permet à leurs clans de résister aux bouleversements. Cohésion qui est enracinée dans le système des parentés. Au sommet, en remontant dans les plus lointains souvenirs, se trouvent les Zanaharilahy et Zanaharivavy. Ce sont les ancêtres mâles et femelles de qui sortiraient les Bezanozano, leurs " Razana ikambanana ", appartenant à tous.
Une immense série d'intermédiaires, composée d'un vaste ensemble de générations forme ensuite les " Raha Rimorimo ".Viennent ensuite les Razana. Jusque-là, les noms sont plus ou moins- plutôt moins que plus- retenus dans les mémoires des vivants les plus âgés.
Puis ce sont les Kotomadikatra qui vivent dans l'atmosphère comprise entre le Ciel des Razana et la Terre des " Razam-belona ". Ces derniers sont constitués des personnes les plus vieilles parmi les vivants.
Dans l'arbre généalogique, ils sont juste au-dessus des Ray aman-dreny (pères et mères) suivis de leurs Zanaka (enfants directs) ou Taranaka (descendants). On retrouve parmi ces derniers les fils et filles et les Tarika issus d'unions ou d'alliances. " Les vivants sont tous sous les regards des plus vieux et les cadets sous l'empire des ainés, l'homme étant le supérieur de la femme. "