Madagascar: PPN - Plus de plafonnement ni de contrôle des prix

Le Gouvernement ne maîtrise plus la flambée des prix des PPN (Produits de première nécessité) sur le marché. Les tarifs appliqués par les détaillants sont aujourd'hui loin du plafonnement et des prix de référence indiqués par le ministre Edgard Razafindravahy.

Les mesures prises par l'Etat pour maîtriser le niveau des prix des PPN ont échoué. Sur le marché à Antananarivo, les détaillants affichent des prix qui augmentent chaque semaine. Une tendance haussière que personne ne semble maîtriser ni prévoir avec précision, d'après les commerçants que nous avons questionnés. Suivant les prix que nous avons collectés à Andravoahangy, Analakely, Ambodin'Isotry, Ambohipo et Nosy-Be, le kilo de sucre s'achète aujourd'hui en moyenne à 4 600 Ar auprès des détaillants. Les derniers plafonnements fixés par le MICC (Ministère de l'Industrialisation, du Commerce et de la Consommation) étaient pourtant entre 2 600 Ar et 2 750 Ar pour les produits locaux et 3 600 Ar pour le sucre importé. Le litre d'huile en vrac est actuellement à 9 200 Ar, en moyenne, auprès des épiceries et l'huile en bouteille cachetée à plus de 10 500 Ar, contre un dernier plafonnement à 9 500 Ar. Pour le riz, le prix du kilo avoisine les 3 200 Ar pour le riz Makalioka, 3 000 Ar pour le riz Tsipala, 2 700 Ar pour le riz importé et 2 500 Ar pour le riz de basse qualité. À noter que ces chiffres représentent une moyenne, car dans certains quartiers, le prix du kilo de riz atteint les 3 500 Ar, alors que le dernier plafonnement était à 2 200 Ar pour le riz importé, censé être disponible à tout moment sur le marché.

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Abandonné pour baisse

Il faut noter que le plafonnement fixé par le MICC devait être appliqué durant le deuxième trimestre 2022. Le ministère avait décidé d'abandonner ce plafonnement et a annoncé, en mi-septembre 2022, l'application d'un prix de référence à partir du mois d'octobre, suite à une baisse des prix des PPN sur le marché international. Selon les détaillants, ni le plafonnement, ni cette fameuse baisse de prix à l'international n'a été ressenti au niveau du commerce de détail. " Il y avait un temps où le ministère avait parlé de faire des contrôles pour exiger l'application du plafonnement. Mais on ne pouvait pas appliquer ces prix plafonds sinon on aurait vendu nos marchandises à perte. Peut-être que ces contrôles ont effectivement été faits au niveau des grossistes... En ce qui concerne la baisse des prix des PPN au niveau international, nous ne l'avons jamais ressentie ", nous a confié une commerçante qui opère à Ambondrona.

Politique défaillante

Si le plafonnement n'a pas été efficace, c'est parce que le MICC n'a pas pris en compte l'intégralité du circuit de distribution, aussi bien pour les produits locaux que pour les produits importés, selon les détaillants. Ceux-ci ont indiqué une forte hausse des coûts de transport causée par la dégradation des routes, ainsi qu'une augmentation des autres charges comme le loyer, la main d'œuvre, etc. Au niveau de la politique monétaire, les mesures prises ne permettent pas de maîtriser l'inflation, favorisée par la forte dépréciation de l'ariary. Au niveau fiscal, aucune mesure n'a été prise pour inciter la production locale. Au contraire, les producteurs locaux subissent les impacts des importations massives qui inondent le marché. Bref, compte tenu de ces différents facteurs, la hausse générale des prix risque fort de se poursuivre durant cette année, si les mesures adéquates ne sont pas prises par les dirigeants.

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