Le Ministre de l'Agriculture, de l'Equipement rural et de la Souveraineté alimentaire, Aly Ngouille Ndiaye, a lancé, hier, à Dakar, le projet " Feed the future Dooleel Mbay " (renforcer l'agriculture), la dernière initiative de la coopération américaine pour soutenir le monde rural sénégalais. Un peu plus de 25 milliards de FCfa sont mobilisés à cet effet. Sont visés les systèmes de marché local, la souveraineté alimentaire et les chaînes de valeur du système agricole.
" L'idée est de subventionner 2400 FCfa par sac d'engrais de 50 Kg, jusqu'à concurrence de 05 sacs pour permettre à tout le monde d'en bénéficier ", explique Abdou Guèye, Conseiller technique principal du projet, alors que les bénéficiaires terminent la pose photo, leurs chèques symboliques bien visibles, aux côtés du Ministre Aly Ngouille Ndiaye et de l'Ambassadeur des Etats-Unis au Sénégal, Michael Raynor. Ces subventions ne constituent qu'un volet parmi les modes opératoires de cette initiative de l'Usaid. Mme Gnima Diaïté, présidente d'une fédération de producteurs de maïs à Paos-Koto a reçu 45,9 millions de FCfa au nom de son groupement. Khotia Coulibaly de Kandia (Kolda) repart, elle, avec 6 millions de FCfa pour son Gie. Samba Baldé du Gie " Nafooré Aynobe " et Lamine Sy de Keur Socé (13 millions de FCfa), expriment eux aussi leur satisfaction. Ils font partie des 100.000 jeunes et 138.000 femmes visés, soit 170.000 ménages (60 % des ménages agricoles) et 230.000 micro, petites et moyennes entreprises dans les zones d'intervention.
" Feed the future Dooleel Mbay " entend s'inscrire dans une dynamique bien partagée maintenant au Sénégal en ce qui concerne l'appui aux chaînes de valeurs agricoles : une approche inclusive et durable, la diversification des sources de revenus des ménages et communautés rurales, ainsi que la réduction de la pauvreté, l'accroissement de la sécurité alimentaire et la capacité à faire face aux chocs climatiques. C'est là la continuation du Projet Croissance économique (2009-2014) et de " Naatal Mbay " (2015-2018). La période d'exécution court de mai 2022 à mai 2027.
Le Ministre de l'Agriculture, de l'Equipement rural et de la Souveraineté alimentaire, Aly Ngouille Ndiaye, a apprécié positivement le fait que le projet vise six chaînes de valeurs (riz irrigué et pluvial, mil, maïs, petits ruminants, légumes et mangues), " contribuant ainsi à l'objectif de souveraineté alimentaire décliné dans le Pse (Plan Sénégal émergent) ". Huit régions administratives sont concernées, dans les vallées et le delta du fleuve Sénégal, dans le Sine-Saloum et en Casamance. Auparavant, au cours de la présentation, le Ministre avait tenu à obtenir des précisions sur les subventions sur l'engrais, en faisant remarquer que l'Etat subventionnait cet intrant agricole " entre 50 à 80 %, selon le produit ".
L'Ambassadeur des Usa au Sénégal a, pour sa part, rappelé les enjeux liés à la sécurité alimentaire, soulignant " qu'en 2021, pas moins de 828 millions de personnes souffraient de la faim à travers le monde ; c'est environ 10,5% de la population mondiale et 46 millions de plus qu'à la fin de l'année 2020 ". Selon le diplomate, " la pandémie de Covid 19, les conflits à travers le monde, et les impacts croissants du changement climatique ont inversé les gains obtenus dans le passé ". Michael Raynor a fait remarquer qu'au Sénégal, " les exploitants agricoles sont désormais obligés de payer les intrants trois fois plus cher ; ces chocs tarifaires obligent les agriculteurs à prendre des décisions difficiles ", comme quand ils doivent choisir entre le renoncement aux engrais pour se contenter de faibles rendements ou payer un prix fort pour acheter des engrais avec une privation de bénéfices au bout. Il estime que " l'Usaid, à travers l'initiative Feed the future, travaille pour briser ce cycle et offrir de meilleurs choix aux producteurs ".
Concrètement, il s'agit d'aider les agriculteurs à augmenter leurs productions grâce à des semences et des engrais de qualité. En effet, le projet permettra de collaborer avec les banques locales pour débloquer des financements et de nouveaux instruments de crédit adaptés. Par ailleurs, il permettra de " tirer parti des nouvelles applications informatiques pour fournir de meilleures informations sur les marchés et les conditions météorologiques ".