Sénégal: Affaire sweet beauty, 3e mandat présidentiel, cherté de la vie - 2024, année de toutes les incertitudes !

14 Janvier 2023

L'élection présidentielle de 2024 s'annonce comme un véritable défi pour le Sénégal. Le contexte politique actuel marqué par le débat sur la 3e candidature du président Macky Sall, la procédure judiciaire de viol impliquant Ousmane Sonko et la hausse du prix de l'énergie et du carburant sont autant d'incertitudes qui font planer des menaces sur cette douzième élection présidentielle depuis 1963.

Décidément, 2024 est partie pour être l'année de toutes les incertitudes au Sénégal. Après onze élections présidentielles successives depuis 1963, le principal défi de notre pays au mois février 2024 sera sans doute de parvenir à organiser le prochain rendez-vous électoral qui doit permettre aux Sénégalais de choisir leur président de la République pour les cinq années à venir (2025-2029) tout en sauvegardant l'unité nationale et la paix civile. Onze ans après une élection présidentielle de 2012 marquée par des violences liées à la contestation de la troisième candidature de l'ancien président de la République, Me Abdoulaye Wade, tout porte à croire que le Sénégal chemine vers un processus électoral tendu et même plus tenu que 2012.

En effet, avec les derniers mesures de hausse du prix de l'électricité (même si le gouvernement soutient que la tranche sociale n'est pas concernée) et du carburant, on pourrait assister à une inflation généralisée des prix des produits de consommation. Une situation qui risque d'impacter fortement la vie des Sénégalais qui éprouvent déjà beaucoup de difficultés. A cela, s'ajoute également la problématique de la troisième candidature de l'actuel chef de l'Etat dans un contexte marqué par une levée de boucliers contre le carnage financier relevé par le rapport de la Cour des comptes sur la gestion des fonds Force-covid 19. Un scandale qui n'est que le prolongement de ceux relevés par les différents rapports d'organes de contrôle publics impliquant des responsables ou proches du régime en place qui n'ont jamais cependant été inquiétés par la justice : affaires Coud, Petrotim, Bictogo, Prodac, Ter, TF 1451/R, contrat d'achat d'armes au ministère de l'Environnement, fonds Force-covid 19 pour ne citer que ces scandales.

Élu à l'issue du second tour de la présidentielle de 2012 devant son ex-mentor, Abdoulaye Wade, président sortant et candidat à sa réélection pour un troisième mandat, l'actuel chef de l'Etat, Macky Sall s'était engagé à plusieurs reprises, avant et après sa réélection en 2019, à se conformer aux deux mandats autorisés par l'actuelle Constitution adoptée en 2001. Seulement, depuis quelques temps, Macky Sall et ses partisans ne cessent de poser des actes qui confortent plutôt une volonté de briguer une troisième candidature. Malgré les mises en garde des personnalités de la société sur le danger qu'expose sa " tentation du fruit interdit du 3ème mandat " à l'unité nationale et la paix civile, le chef de l'Etat et ses partisans ne semblent pas prendre à juste titre ces alertes. La preuve, ses partisans parmi lesquels, l'actuel ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall qui avait pourtant toujours défendu l'impossibilité d'un troisième mandat, multiplient des cérémonies d'investiture de sa candidature pour la présidentielle de 2024.

Risque de 3ème candidature et menace sur la paix civile

Autre source de tension politique au-delà de la troisième candidature de l'actuel chef de l'Etat, l'affaire de viol impliquant l'actuel maire de Ziguinchor, Ousmane Sonko non moins leader du parti Pastef. Enclenchée à la suite d'une plainte déposée par Adji Sarr à la Section de recherche de la Gendarmerie nationale pour " viols répétés et menaces de mort avec arme à feu ", cette affaire a été l'origine des émeutes de mars 2021 qui avaient ébranlé toute la République et occasionné la mort de 14 jeunes manifestants et des dégâts matériels énormes à la suite de l'arrestation de Sonko. Placé sous contrôle judiciaire et libéré, le leader de Pastef a toujours clamé son innocence et crié au complot orchestré selon lui, par de hauts dignitaires du régime en place dans le but de l'écarter de la liste des candidats en 2024. Une thèse naturellement rejetée par la partie civile qui dit détenir les preuves du viol et menaces de mort tout en promettant de montrer des vidéos et autres audios au juge d'instruction lors de la confrontation.

Seulement, lors du face-à-face avec son présumé bourreau dans le bureau du magistrat instructeur, la dame très présente sur les réseaux sociaux, dit entendre le jour du procès pour montrer ses preuves. Aujourd'hui, beaucoup sont d'avis que cette affaire, comme l'a toujours dit Ousmane Sonko, est montée de toutes pièces. S'exprimant lors du lancement du mouvement " Demain Sénégal " en décembre 2022 dernier, Panda Mbow a laissé entendre sur cette affaire que " Adji Sarr, un instrument entre les mains d'hommes politiques ". " Pour la première fois dans l'histoire politique du Sénégal et dans les institutions, une femme est devenue un instrument entre les mains d'hommes politiques. Et cet instrument entre les mains d'hommes politiques est manipulé. On l'a transformée, non plus en tant que citoyenne, mais en tant qu'objet pour des objectifs purement politiques. Et c'est la plus grave forme de violence qu'on puisse exercer sur femme ", avait-elle déploré.

Dans une tribune publiée dans les colonnes de Sud quotidien le jeudi 12 janvier dernier, l'ancien Recteur de l'Université Cheikh Anta Diop (Ucad) et ancien Doyen de la Faculté des Sciences juridiques et politiques de ladite université, Pr Kader Boye a été formel au sujet de l'instruction de cette affaire par le doyen des juges, Oumar Maham Diallo. " Contrairement à ce qui est dit, le juge ne prend pas sa décision uniquement sur la base de son intime conviction. Mais sur les éléments probants qui pourraient caractériser l'infraction et sur l'ensemble des faits attestés qui entourent cette affaire. L'on se demande toujours comment cette affaire a pu franchir l'obstacle de l'enquête préliminaire ".

AllAfrica publie environ 500 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.