Plusieurs ministres maliens ont participé, dès vendredi 13 janvier, à des cérémonies célébrant la " souveraineté retrouvée du Mali " mais c'est bien ce samedi 14 janvier qui est officiellement " chômé et payé " sur tout le territoire, en souvenir de la mobilisation massive qui avait eu lieu il y a tout juste un an, lorsque les Maliens étaient descendus dans les rues du pays pour protester contre les sanctions économiques alors imposées par la Cédéao.
Ces sanctions économiques imposées par la Cédéao visaient à contraindre le gouvernement de transition à proposer un calendrier pour le retour à l'ordre constitutionnel. Depuis, la Cédéao a levé ses sanctions, mais Bamako entend faire de cette date un symbole.
Aucun grand rassemblement n'est organisé, officiellement pour des raisons de sécurité, mais des initiatives locales ont quand même lieu. " Il a été organisé des activités sur deux jours, indique Daouda Doumbia, directeur de l'académie de Mopti (centre). Les activités ont commencé par l'animation d'une leçon-modèle dans les écoles sur le patriotisme, la souveraineté, la résistance nationale et la refondation de l'État. Toujours dans les écoles, nous avons également organisé un jeu-concours sur les mêmes thématiques. Des questions ont été soumises aux scolaires qui ont ensuite bénéficié d'un cadeau. Il y a eu une activité de don de sang à l'hôpital de Mopti ainsi que des prières dans les mosquées et les lieux de culte pour la stabilité du pays et pour les autorités de transition.
Ce [samedi] matin, nous avons commencé la journée par la montée des couleurs dans le gouvernorat. La célébration de cette journée est une fierté pour tous les Maliens. Le Mali, c'est mon pays, c'est ma patrie et je reconnais tout ce que nos autorités sont en train de mettre en œuvre afin d'assurer le développement économique du pays. "
"L'État malien ne contrôle pas 80% du territoire national"
Une fierté que ne partagent pas tous les Maliens. Aucune célébration n'a été organisée dans les zones qui échappent au contrôle de l'État. Et pour les opposants au régime actuel de transition, pas de raison non plus de célébrer quoi que ce soit, en tout état de cause. " Sur le plan sécuritaire, on ne peut pas parler de souveraineté retrouvée, considère Ismaël Sacko, président du Parti socialiste démocrate africain (PSDA) et vice-président de la plateforme Jigiya Kura. Aujourd'hui, l'État malien ne contrôle pas 80% du territoire national. Avec la junte militaire malienne au pouvoir, nous perdons de plus en plus de terrain. "
" Notre pays a été obligé de traiter avec les mercenaires de Wagner. Quand la sécurité du pays est traitée par des mercenaires payés à coups de milliards, on ne peut pas parler de souveraineté retrouvée, poursuit Ismaël Sacko. Quand une partie de la population a faim - nous en sommes aujourd'hui à plus de cinq millions de Maliens qui n'arrivent pas à se nourrir -, on ne peut pas parler de souveraineté retrouvée! Donc pour nous, c'est du leurre, c'est du bluff et, une fois de plus, de la propagande de la part de la junte militaire au pouvoir au Mali qui veut surfer sur un sentiment dit nationaliste pour pouvoir se maintenir au pouvoir. Parce qu'aujourd'hui encore, nous avons le sentiment qu'ils n'ont pas la volonté réelle de passer le témoin à la date convenue avec l'organisation régionale de la Cédéao. "
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