Gabon: Concertation politique au Gabon - Quelle place pour la jeunesse dans ces assises ?

14 Janvier 2023

Le discours de présentation de vœux à la nation du Chef de l'Etat au soir du 31 Décembre 2022, a été marqué par l'annonce officielle de l'organisation dans de prochains jours, d'une concertation nationale réunissant l'ensemble des acteurs politiques aussi bien de la majorité que de l'opposition dans notre pays.

D'un point de vue analytique, la concertation est perçue comme un processus de dialogue dont le but est de parvenir à des propositions concrètes et acceptées de toutes les parties impliquées. Elle repose essentiellement sur un constat d'inefficacité des stratégies traditionnelles et entreprend de construire, dans un intérêt général, un idéal commun dans un processus décisionnel (Levray, 2021).

Ainsi, à la veille des élections générales dans notre pays, notamment celles de 2023, plusieurs voix se sont levées appelant à ces assises avant ces échéances majeures. Conscient de leurs intérêts, le Chef de l'Etat a donc donné son approbation et dans peu de temps, la classe politique devra se retrouver afin de discuter des conditions de l'organisation en mettant certainement un accent particulier sur le format, la révision des listes électorales voire le processus proprement dit. Il s'agira d'une manière générale de définir ensemble les bases de la préparation des scrutins au lendemain apaisé.

Un important rendez-vous politique pour notre pays qui nécessite une participation de tous les acteurs. Seulement, on s'interroge sur le rôle que jouera la jeunesse dans ces assises. Quelle sera réellement la place de cette catégorie de gabonais dans cette concertation ?

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Représentant 70% de la population gabonaise, la jeunesse est particulièrement significative en matière de vote dans notre pays en ce sens qu'elle représente près de 80% de la population électorale (RGP, 2013). Ainsi, les responsables politiques voire les partis politiques en font généralement une cible privilégiée lorsqu'ils sont en campagne (Muxel, 2007).

Toutefois, dans des pays dont la démocratie est en construction comme le Gabon, le discours sur la nécessité d'une amélioration tant qualitative que quantitative de la participation politique des jeunes à de telles assises, se pose de plus en plus. Il se pose d'autant plus qu'il n'est pas concevable de parler d'un approfondissement du processus démocratique sans que la participation de toutes les catégories de la société ne soit effective et croissante.

Au fond, l'on se demande si la jeunesse actuelle a tant changé par rapport à celle des indépendances ? Que dire de ces manifestations estudiantines qui ont fait bouger les instances politiques de l'époque ? Le jeune est-il devenu spectateur de son monde ou a-t-il encore envie de faire bouger les choses ?

Aussi, face aux divers enjeux de développement dont font montre les autorités de notre pays, la participation des populations à la vie politique et particulièrement des jeunes, s'avère plus que jamais importante. Encore que les jeunes ont d'autant plus intérêt à y participer que leur avenir immédiat en dépend grandement.

Dans la plupart des pays d'Afrique subsaharienne, les jeunes ne manquent pas d'être au centre du discours public. Ils sont considérés comme le " fer de lance de la nation ", " la garantie la plus sûre pour l'avenir " ou encore " l'avenir au présent " pour les uns et " la jeunesse est sacrée " pour les autres. Cette pléthore d'expressions toutes aussi métaphoriques les unes que les autres montre au moins qu'au niveau du discours, ils occupent une place importante.

Pourtant, ils sont toujours en retrait des différentes concertations politiques et surtout de la décision électorale. Leurs points de vue sont tout de même banalisés et foulés aux pieds par des responsables de mouvements bravant comme arguments leur expérience en politique ou leur âge.

La participation politique de la jeunesse ne devrait donc plus se situer dans la mise en place des institutions mais dans leur existence formelle. Et leur implication dans l'espace politique ne peut plus se réduire à des questions de mobilisation ou d'organisation, elle devrait l'être à la levée de l'obstacle rédhibitoire qui les empêche d'être de producteurs de leur propre avenir.

" Il n'y a pas plus grande injustice que celle d'être rendu inutile " nous enseigne Mohamed MEHRZI Abbou, Homme politique tunisien.

Enfin, comme la majorité des partis politiques voire des mouvements aussi bien de la majorité comme de l'opposition, la jeunesse gabonaise s'inscrit dans cette logique d'unité et de cohésion, reste favorable à la concertation politique avant les échéances de 2023 et salue cette initiative du Chef de l'Etat qui vise à réunir la classe politique de notre pays.

Economiste, Leader des Jeunes

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