L'espoir fait vivre les imbéciles, ironisent d'aucuns. La baisse des prix des carburants - qui n'est jamais venue - devait représenter un bol d'air frais pour les consommateurs, surtout que cela aurait pu, aurait dû, entraîner une chute du coût de plusieurs commodités et services.
Mais nous sommes restés sur notre faim ; les prix ont été maintenus. Pourquoi ? Comment ? Que peut-on espérer dans les mois à venir ? Faut-il attendre la veille des municipales ou des législatives pour avoir droit à une réduction qui engendrerait un "feel good factor" ?
Le député du MMM Reza Uteem explique en attendant que le prix de l'essence à la pompe est tributaire de plusieurs facteurs. Tout d'abord, il y a le prix à l'international et le fret. Puis, il y a la valeur de la roupie face au dollar et finalement, les taxes. "Depuis que ce gouvernement est en place, la roupie a chuté de 40 %. En même temps, les taxes ont augmenté de 40 %. Ce qui fait que le prix actuel n'est pas dépendant du cours mondial. C'est simplement une mauvaise gestion." Il rappelle, si besoin est, qu'il y a plus de 100 % de taxes sur le prix que le consommateur paye quand il achète de l'essence...
Les autorités évoquent elles une balance déficitaire de Rs 4,4 milliards du Price Stabilisation Account (PSA) pour justifier le maintien des prix. Tant que ce fonds - dont l'argent est utilisé pour absorber les hausses de prix des carburants sur le plan international - ne sera pas dans le vert, les prix ici ne baisseront pas. Megh Pillay, ancien directeur de la State Trading Corporation (STC), ne comprend pas la logique. "Lorsque le prix a monté à plusieurs reprises à l'international, le fait que le PSA était déficitaire avait été évoqué pour justifier les hausses. Mais quel est la logique de dire que le prix ne baissera pas car le fonds est déficitaire ? Il n'y a pas d'argent à puiser dedans pour baisser" dit-il. En août dernier, Reza Uteem faisait déjà ressortir que cet argument ne tient pas la route. "Il faut arrêter de dire que la STC n'a pas d'argent. Elle en a, sauf que le ministère des Finances a décidé de puiser dans ses réserves" avait-il dit.
Cette situation avait d'ailleurs fait l'objet d'une Private Notice Question (PNQ) de Xavier Duval le 22 mai 2018. Dans sa réponse, Ashit Gungah, qui était alors ministre du Commerce, avait été révélé qu'en 18 mois se terminant au 30 juin 2017, sur les Rs 1,9 milliard prélevées pour les subsides sur des denrées et le gaz, seules Rs 716 800 000 ont été réellement utilisées, ce qui fait que Rs 1,2 milliard sont restées dans les 'coffres' de la STC. Lors de cette même PNQ, il a été porté à l'attention du public que pour cette même période, la STC devait payer Rs 2,5 milliards au gouvernement en guise de dividendes.
Megh Pillay donne de plus amples détails. "Il est facile de dire que le PSA n'a pas d'argent. Ce fonds était alimenté par l'argent qui est récolté lorsque le prix à l'international baisse. Il y avait tout un mécanisme mis en place. Mais depuis 2015, le gouvernement a redirigé l'argent qui devait aller dans ce fonds vers sa caisse à travers une multitude de taxes. Il donc normal qu'aujourd'hui, le fonds soit déficitaire." Est-ce que le prix baissera ? "Cela est très improbable. Le prix fluctue tous les jours. Comme il n'y a pas d'argent pour stabiliser le coût, les futures hausses seront répercutées à la pompe", déclare l'ancien directeur de la STC. Un des moyens de baisser le prix est d'éliminer quelques taxes. "Ou encore, pourquoi ne pas renflouer la PSA, comme cela a été le cas pour MK et les hôtels ?"
"Poule aux oeufs d'or"
Ce n'est pas en 2018 que la situation a commencé à se dégrader. En mars 2017, Reza Uteem avait présenté une Motion of Disallowance contre une augmentation des carburants. Cette motion était soutenue par Alan Ganoo, qui était alors membre de l'opposition. Il avait fustigé les différentes taxes qui plombent les finances des consommateurs. Il était revenu sur les subsides, déclarant que "the contribution of subsidy to LPG, flour and rice, qui est de l'ordre de R 2.70 pour chaque litre d'essence et de diesel, le gouvernement dans ce cas encaisserait, Madame la présidente, presque 1.5 milliard de roupies. Et combien nous coûtent les subventions sur le riz, la farine et le gaz ?" Alan Ganoo n'avait pas hésité à comparer la structure déterminant le prix à un véhicule utilisé pour piller les consommateurs.
Depuis, pas grand-chose n'a changé dans la structure des prix. "Alan Ganoo, en tant qu'actuel ministre du Transport, doit être au courant, plus que tout le monde, des malheurs des automobilistes. Mais pour en revenir à la situation, le prix ne baissera pas tout simplement car le gouvernement ne va pas tuer sa poule aux oeufs d'or", conclut le député mauve.