Tunisie: Taxis individuels / Grève maintenue pour ce lundi - La grève de trop ?

15 Janvier 2023

Alors qu'ils viennent de bénéficier d'une majoration sur leur compteur et l'indice kilométrique, les voilà qui en rajoutent une couche et donnent du fil à retordre aux pouvoirs publics et aux citoyens, sur fond de nouvelles revendications... Échec annoncé !

Sans faire l'unanimité au sein de leur corporation, une grève générale des taxis est prévue lundi 16 janvier 2023 et sonne comme pour gâcher l'après-célébration de la fête de la révolution du 14 janvier 2011, ce qui risque de les diviser davantage au lieu de les unir.

Cette grève des taxis a été annoncée en milieu de semaine. Pour commencer l'année 2023 dans la cohue, les taximen de Tunisie ne trouvent pas mieux que de planter tout le monde, au moment même où le transport public est à l'agonie comme on vient de le signaler dans nos colonnes.

A l'initiative du controversé Faouzi Khabouchi, secrétaire général de l'Union Tunisienne des Taxis individuels (Utti), syndicat non officiel ou du moins non reconnu par l'Etat comme interlocuteur principal, la grève risque de tourner au vinaigre et semble être la grève de trop ou vouée à l'échec.

A entendre les témoignages des différents taxistes, ils semblent bien divisés sur la question et l'intérêt ou du moins le motif de la grève.

Taxistes divisés

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"C'est au sujet d'une nouvelle majoration sur le compteur", affirme exaspéré, l'un d'eux, en milieu de semaine, lui qui estime que cela ne va pas dans l'intérêt de sa profession, hormis celle du "chef" à la tête de son syndicat qui veut continuer de tirer les ficelles et mettre ses camarades réfractaires et non grévistes au pilori.

En effet, il préconise qu'on abaisse le prix des pièces de rechange pour leurs véhicules plutôt que des mesures superficielles, qui ne touchent pas le cœur du problème et sans lendemain. Il ne fera pas grève lundi d'après lui et travaillera vaille que vaille.

Un autre taxiste de Tunis gréviste affirme, a contrario, qu'elle est censée puisqu'elle vise à dénoncer de nouvelles pratiques illicites selon lui, à savoir la possibilité pour les voitures particulières de contracter avec des applications de mobilité partagée dont essentiellement deux parmi celles présentes. Un peu à la manière d'Uber en Europe, un service largement répandu et qui s'est démocratisé, ce qui touche à leur business... . Un manque à gagner qui fait craindre le pire pour leur activité. Alors ils décident de débrayer et de ne pas embarquer, ni déposer même un simple quidam. Ils mettent la clé hors contact pour faire plier les autorités et les obliger à interdire cette nouvelle pratique qui fait son bonhomme de chemin et permet d'aider de nombreux citoyens qui n'arrivent plus à joindre les deux bouts. Un bras de fer qui ne fait que commencer...

Pour rappel, l'Utti a menacé de mener une action de terrain, dans la rue pour protester contre l'application "Yasir" qui assure le transport de personnes dans des voitures civiles, et appelle l'autorité de tutelle chargée de la régulation du secteur à considérer cette application comme illégale, et ce, depuis le mois dernier.

Alors que le taxi coûte cher au Tunisien qui prend de plus en plus le bus public ou privé et le taxi collectif en majorité, la situation atteint son comble avec les taxis individuels qui sont très nombreux et de moins en moins efficaces, surtout avec les difficultés qu'ils rencontrent et le manque de rentabilité de leur activité. Ils affirment travailler toute la journée durant pour ne faire qu'un bénéfice net de 30 à 50 Dinars par jour ...

Transport en commun précaire, taxis du calvaire. Rien ne va plus.

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