Après une année 2002 où la tension a été à son comble entre l'Algérie et le Cameroun, les Lions indomptables redoutaient leur arrivée à Oran pour disputer le CHAN.
" Agréablement surpris ", c'était la phrase la plus utilisée par les Camerounais présents à Oran dimanche 15 janvier, à 24 heures du match Cameroun-Congo dans le groupe E du CHAN 2023. Du sélectionneur aux joueurs, en passant par les journalistes, le sentiment de crainte a cédé la place à la tranquillité.
Il faut dire que les événements de 2022 avaient fait tellement monter la tension que beaucoup craignaient une explosion lors de ce CHAN que les Camerounais avaient un temps menacé de boycotter. Petit rappel des faits. Acte 1 : lors de la CAN 2022 organisé au Cameroun, le public de Douala prend fait et cause pour la Côte d'Ivoire face à l'Algérie (3-1), championne d'Afrique en titre. Sous les sifflets des supporters camerounais, les Verts sont battus (3-1) et éliminés de la CAN. Deux mois plus tard, le Cameroun met fin au rêve des supporters algériens pour la Coupe du monde au Qatar en crucifiant à la dernière minute l'Algérie lors du match de barrages pour le Mondial 2022 (2-1 a.p). Enfin, il y a un peu plus d'un mois, Samuel Eto'o, président de la Fédération camerounaise de football, frappait un youtubeur algérien au Qatar après que celui-ci l'avait provoqué en évoquant le match Algérie-Cameroun perdu à domicile.
" On se sent chez nous "
De quoi raviver les tensions déjà existantes et faire craindre le pire pour les Camerounais au moment de fouler le sol des Fennecs. " Moi, ma famille, mes proches m'ont demandé de ne pas sortir ou de ne pas aller me balader dans la rue, confie le capitaine Yves-Alain Moukoko. Mais je les ai rassurés ".
Car, c'est un accueil " extraordinaire " que lui et ses coéquipiers ont reçu depuis leur arrivée. " Je peux certifier qu'on a été agréablement surpris et très content de l'accueil. On se sent chez nous ", témoigne le sélectionneur des Lions indomptables locaux Alioum Saidou. Une sensation confirmée par les journalistes de télévision nationale du Cameroun (CRTV). " Quand on fait des reportages dans la rue avec nos polos CRTV ou quand nous faisons nos petites courses, nous rencontrons les gens qui nous chambrent quand ils s'aperçoivent que nous sommes Camerounais. Il n'y a aucune animosité ", confie le reporter Joseph Gweth.
À Oran, les Algériens martèlent qu'ils n'ont aucun sentiment hostile envers les Camerounais. Pour autant, certains ne vont pas se transformer en supporters des Indomptables. Un groupe de jeunes rencontré au Petit Royal, un café sur l'avenue Emir Abdelkader, clame ainsi à l'unanimité qu'ils seront tous derrière le Congo ce lundi face au Cameroun. " On va siffler les Camerounais, mais c'est de bonne guerre, c'est pour les stresser, parce qu'on veut qu'ils perdent ", avoue Yahya. " Nous n'avons rien contre les Camerounais, poursuit Houari, nous en voulons seulement à Gassama [l'arbitre gambien du match perdu contre le Cameroun, NDLR] et à Samuel Eto'o ".
Un Algérie-Cameroun en demi-finale ?
Le président de la Fédération camerounaise de football, arrivé à Oran dans la journée, a, de son côté, fait un pas vers la " paix " avec ses " amis " algériens en déclarant qu'il allait soutenir la candidature des Fennecs pour l'organisation de la CAN 2025. Une sortie qui devrait encore apaiser les relations entre l'Algérie et le Cameroun. Mais si tout se passe bien sur le terrain, les deux équipes pourraient se croiser en demi-finales du CHAN... " Là, ça va être une autre histoire ", prévient en rigolant Djebli, chauffeur de taxi à Oran.