Cinq mois après l'annonce de la fermeture de l'hôpital Aristide Le Dantec, une partie du personnel qualifié continue de réclamer son redéploiement dans les structures de santé. Ces travailleurs qui sont sans salaire, ni prise en charge médicale, depuis l'entame du projet de reconstitution de l'établissement, ont battu le macadam samedi dernier, tout en réclamant justice et la libération de leur camarade Abdoulaye Dione.
Samedi dernier, des travailleurs de l'hôpital Aristide Le Dantec ont battu le macadam pour demander leur redéploiement dans d'autres structures sanitaires du pays. Une demande qui intervient après la fermeture et la destruction de leur lieu de travail pour les besoins d'une reconstruction. Depuis le mois d'aout dernier, date de fermeture de Dantec, ces derniers sont sans emplois.
Composés dans la grande majorité de prestataires et de contractuels, ils ne demandent qu'un emploi à l'Etat comme ce fut le cas pour leurs autres camarades qui ont été redéployés dans les structures sanitaires du pays. De Liberté 5 au Rond-point Jet d'eau de Dakar, ces travailleurs regroupés au sein d'un collectif ont été accompagnés par des syndicats de la santé mais aussi des activistes. Tout au long du trajet, ils ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : " Depuis la fermeture, nous n'avons plus de prise de charge ", " nous demandons une affectation et intégration des travailleurs de Dantec ".
Selon ces acteurs de la santé, leur place n'est pas dans les maisons ou ailleurs mais plutôt dans les structures de santé pour soigner les malades. A cet effet, ils estiment : " les prestataires ne doivent pas être sacrifiés après plusieurs années d'exploitation à Le Dantec ". Les manifestants ont aussi déploré le non-reversement de leur pension de retraite à l'Ipres. Selon un des responsables, " depuis 2018, on nous fait des retenus dans nos salaires sans pour autant les verser à l'Ipres. C'est désolant de la part de l'administration de l'hôpital ", a renseigné Fallou Samb, un des leurs.
Tout en demandant le respect des engagements pris par les autorités vis-à-vis des travailleurs de Le Dantec, les protestataires interpellent le Chef de l'Etat, Macky Sall. " Les autorités du ministère de la Santé tout comme de l'Etat avaient pris des engagements fermes que tout le personnel de Le Dantec serait redéployé dans les structures sanitaires du pays. Elles avaient aussi avancé qu'aucune personne ne perdrait son emploi. Cinq mois après la fermeture de l'hôpital Aristide Le Dantec, des employés sont toujours sans emploi et sans salaire ", a avancé M. Samb. Et de demander à la direction de l'hôpital Le Dantec " le versement de tous les prestataires et contractuels au nombre de 500 dans la fonction publique".
Dantec " enterre " 12 morts
Les conséquences de la fermeture de l'hôpital Aristide Le Dantec sont macabres. Selon le collectif pour la défense des intérêts de Le Dantec, depuis la fermeture de l'hôpital, douze personnes dans le personnel soignant sont décédés. Ces derniers sans emplois ont été emportés par le stress ou encore par un défaut de prise en charge.
" Beaucoup de prestaires de santé ont été laissés en rade dans le redéploiement du personnel. Certains face à leur engagement quotidien, à la pression des bailleurs pour la location ou encore le paiement des scolarités des enfants n'ont pas pu faire face. Nous avons comptabilisé douze morts dans nos rangs ", a avancé Fallou Samb.
Et de poursuivre : " ces travailleurs qui réclament le droit de travailler n'ont aucune prise en charge médicale. S'ils sont malades ou si leurs enfants le sont, ils sont obligés de se prendre en charge. Il s'y ajoute que nos indemnités de motivation ne sont pas aussi payées ".
Pour le syndicaliste Cheikh Seck de la Fédération des syndicats du Sénégal : " la reconstruction de Dantec n'est qu'un prétexte pour mettre la main sur le foncier. Cependant, avec la pression, l'Etat a reculé pour la vente des 3ha. Ce qui est une bonne chose. Nous attendons du Président Macky Sall le redéploiement du personnel restant puisqu'une grande partie l'est. Aujourd'hui, ce ne sont pas seulement ces prestataires qui sont dans la précarité mais il faut voir combien de familles, de personnes sont impactées face à cette décision des autorités ".
Les acteurs ont aussi profité de la tribune pour réclamer la libération de leur collègue et confrère Abdoulaye Dione. " Il a porté le combat dès les premières heures. Il a dit non au bradage du foncier de Dantec, il s'est battu pour le redéploiement de ce personnel. Il est temps qu'il sorte de prison. Et nous allons continuer la lutte jusqu'à ce qui le soit. "