La culture amazigh était mise à l'honneur à l'occasion du Nouvel An berbère, le 13 janvier au Maroc. Plusieurs régions du royaume chérifien se sont animées pour fêter l'an 2973 du calendrier agraire. A Tiznit, une ville du sud du pays, de la région du Souss-Massa, les célébrations sont habituellement privées ou associatives. Mais cette année et pour la première fois, toute la ville de Tiznit a fêté la nouvelle année pendant trois jours, du 13 au 15 janvier.
Les petites rues de la médina de Tiznit sont bondées. Des milliers de personnes d'ici et d'ailleurs déambulent dans les rues de la ville à la rencontre des musiciens, des danseurs et des artisans venus exposer des produits du terroir amazigh. Khadija tient un stand où elle présente la production de sa coopérative. " Je suis ici pour mettre en avant nos produits : de la menthe, de la lavande et toute sortes d'herbes séchées, explique-t-elle. Mais aussi différentes semoules de couscous que nous faisons nous-mêmes ou encore de l'argan, cosmétique ou alimentaire. Ce nouvel an, c'est l'occasion de faire connaitre notre savoir-faire ".
Ce patrimoine, ils sont nombreux à avoir fait le déplacement pour le découvrir. Fatima a fait la route depuis Meknès. " Je suis heureuse de voir ce patrimoine, souligne-t-elle. En tant que Marocaine, ça me rend fière. Si on ne sait pas d'où l'on vient, on n'est rien... Dernièrement, on voit de plus en plus d'initiatives comme celles-ci... ça prouve qu'on est conscient de l'importance de notre histoire ".
" Normalement, c'est l'État qui doit protéger notre patrimoine "
Pour la première fois cette année, Yennayer, le Nouvel An amazigh, a été organisé par la commune de Tiznit sur trois jours. Mais, pour les membres de la communauté, beaucoup reste faire. Le musée du Patrimoine a été alimenté uniquement par la collection privée de Aghoulid, artiste et collectionneur d'œuvres amazighs de la région. " Normalement c'est l'État qui doit protéger notre patrimoine, lance-t-il. On a encore du progrès à faire. Au vu de la situation, j'ai rassemblé toutes ces œuvres, toutes ces richesses du patrimoine amazigh pour les préserver et les rendre accessibles au plus grand nombre ".
A Rabat, le 13 janvier, comme chaque année, l'association de La jeunesse amazigh de Tamesna, a manifesté devant le Parlement. Sa demande : que ce jour soit reconnu comme une fête nationale. Pour Adil Adaskou, coordinateur de l'association, il faut une volonté politique pour que cela se réalise. " En plus de la démocratie et du développement social, nous demandons que l'identité amazigh soit reconnue de manière effective. Mais pour cela il doit y avoir une volonté politique. On ne veut pas d'une politique de l'évitement. Parce que c'est ce qui se passe en ce moment. C'est ce qu'on constate lorsqu'on demande que le Nouvel An amazigh soit reconnu comme une fête nationale. Pourtant, cette revendication, nous l'avons formulée auprès des différents gouvernements. Le Premier ministre précédent était complètement contre cette idée... Il était même contre la reconnaissance de la langue tamazight dans la Constitution que nous avons finalement obtenue en 2011. Mais monsieur Aziz Akhannouch, le Premier ministre actuel, a l'air réceptif. Son gouvernement aussi. Mais ça bloque encore. Ça veut dire qu'il y a un problème ailleurs ", estime-t-il.