Ile Maurice: Apiculture - Un secteur difficile avec une population d'abeilles stable mais vulnérable

Le Census of Agriculture 2014, exercice mené entre juillet et décembre 2014 pour Maurice et Rodrigues, avait compilé le nombre de ruches et la production de miel entre juillet 2013 et juin 2014.

Selon les chiffres, le nombre de ruches productives et non-productives à Maurice était estimé à 4 330 et 1 760 respectivement. La production de miel avoisinait, elle, les 45 tonnes. Sauf qu'entre 2014 et 2015, deux parasites, le varroa et le coléoptère, vont provoquer une baisse drastique de 50 % du nombre d'abeilles. L'acarien qu'est le varroa est un parasite qui s'attaque aux larves d'abeilles et même aux abeilles adultes, entraînant chez elles des déformations et une durée de vie réduite. À la longue, c'est la colonie tout entière qui est détruite.

Résultat ? En 2016, la production de miel baisse à 15 tonnes. Si le nombre d'abeilles a diminué, depuis 2018, la production de ce nectar connaît un boom, passant à 25 tonnes. En 2020, elle atteint 27 tonnes, et passe à 30 tonnes en 2022. Selon les prévisions du ministère de l'Agro-industrie, on s'attend à une hausse dans la production de miel cette année, soit 33 tonnes. 625 apiculteurs sont inscrits au département d'entomologie du ministère. Quant aux colonies d'abeilles, on en dénombre 3 500.

Comment se porte le secteur de l'apiculture? Peut-il devenir une activité économique durable ? "L'apiculture reste quand même difficile. Elle n'a pas pris de l'engouement. Il y a beaucoup d'insecticides qui sont toujours aspergés sur les fruits et légumes", constate Étienne de Senneville, apiculteur et directeur de Bee Works Ltd. En effet, les pesticides nuisent au bon développement des abeilles. Le Dr Preeanduth Sookar, Principal Scientific Officer du département entomologie du ministère, abonde dans le même sens. "Les planteurs utilisent des pesticides qui affectent les abeilles." Et si tous les insecticides sont toxiques pour les abeilles, ceux de la classe des nicotinoïdes le sont encore plus.

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Le nicotinoïde attaque le système nerveux central des insectes et, en particulier, celui des abeilles qui sont, de ce fait, désorientées et n'arrivent plus à retourner à leur ruche.

Autre constat d'Étienne de Senneville c'est que les forêts diminuent car nous sommes confrontés à un développement démographique. "L'abeille a besoin de fleurs, d'arbres. Sur tout le territoire, la forêt est remplacée par la canne, les centres commerciaux, les IRS, les morcellements, d'autres projets immobiliers. Il y a du développement partout à Rivière-Noire, sur la montagne, à Les Salines. Tout cela fait que ça vient réduire la forêt."

Le Dr Preeanduth Sookar abonde dans le même sens. Il fait ressortir que s'il n'y a pas de baisse ni de hausse drastique dans la population d'abeilles à Maurice, il dit noter que la superficie recouverte de plantes mélissaires, notamment le tamarin et l'eucalyptus, a diminué. Il impute cela à des développements immobiliers dans des régions qui abondent d'abeilles, notamment Tamarin et Roches-Noires. "Même Bras-d'Eau commence à se développer." Selon lui, le secteur de l'apiculture fait face à d'autres défis. "La sécheresse affecte les plantes. Les abeilles ne produiront pas assez de nectar. Il y a également les heures de lumière du jour et de nuit noire qui sont affectées avec le changement climatique. Par conséquent, elles affectent le comportement des abeilles."

Le Dr Preeanduth Sookar explique que le gouvernement vient avec un projet pour la réintroduction des plantes mélissaires à travers l'île avec l'appui du département Bois et Forêts. Selon lui, des milliers de semences ont été importées et seront mises en terre dans les réserves apicoles notamment à Bras-d'Eau, La Ferme, Dauguet et Petit-Sable. Étienne de Senneville fait un parallèle avec la France, l'Australie, la Nouvelle-Zélande ou encore les États-Unis qui eux plantent des tournesols. "Et si on remplaçait la canne par des fruits et légumes avec lesquels on peut produire du miel? Nous pouvons remplacer la canne par des tournesols. L'Afrique du Sud et le Zimbabwe proposent du miel de macadamia."

À Maurice, on compte trois variétés d'abeilles. Les noires qui sont d'origine africaine, sont plus agressives et résistantes. Les jaunes, connues comme les Italiennes mais importées d'Australie, sont plus fragiles. Et finalement, nous trouvons les hybrides, issues des deux espèces.

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