La prochaine réunion de l'Organisation des États d'Afrique, Caraïbes et Pacifique avec l'Union européenne se tiendra à Maurice du 26 au 31 janvier. Ce sera une première opportunité pour Maurice de manifester sa volonté d'étendre la visibilité de son secteur financier sur la scène internationale, avec la présence de Mairead McGuiness, commissaire en charge des services financiers, de la stabilité financière et de l'Union des marchés de capitaux.
Après deux longues et pénibles années de dur labeur pour restaurer aux yeux des dirigeants du Groupe d'action financière (GAFI) et de l'Union européenne sa réputation entachée par des manquements pour combattre efficacement le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme, Maurice veut se donner en 2023 les moyens de conférer à sa visibilité une dimension vraiment internationale, en allant sonder les opportunités des juridictions les plus prometteuses, comme les États-Unis et Hong Kong. Cette garantie a été donnée le 11 janvier par le ministre des Services financiers et de la bonne gouvernance, Mahen Seeruttun, lors d'une conférence de presse dans les locaux de son ministère dans le bâtiment SICOM à la cybercité d'Ébène.
Cette campagne de promotion des services financiers mauriciens se fera en trois volets. Le premier : une visite de membres du secteur privé et du secteur public en Inde, en étroite collaboration avec l'Economic Development Board, la tête pensante du gouvernement en développement économique. Cette visite devrait nous permettre de renouer les contacts avec les investisseurs de ce pays d'autant que le secteur dispose de nouveaux produits susceptibles de susciter l'intérêt de nouveaux investisseurs. Ensuite, ce sera dans plusieurs régions du continent africain, avec pour principal objectif de fournir les données pour démontrer que la juridiction mauricienne est une destination incontournable. La troisième initiative implique une visite dans toutes les juridictions avec un potentiel réel pour les services financiers locaux.
Autre cible des têtes pensantes du secteur mauricien des services financiers : les entreprises internationales susceptibles de venir s'installer à Maurice dans leur quête de nouvelles possibilités d'expansion sur le continent africain. Une stratégie pour repérer ces entreprises a déjà été élaborée. Elles sont nombreuses ces initiatives du gouvernement pour justifier sa volonté de se positionner comme une juridiction qui ne veut plus se limiter à une partie du monde spécifique, mais d'aller partout où il existe des opportunités de croissance. En tête d'affiche de cette prédisposition à s'ouvrir davantage à l'international est la mise en place d'un cadre pour exiger l'inclusion dans le mode de gestion des investisseurs désireux de s'intéresser au continent africain, le souci de tenir compte des enjeux sociaux, environnementaux et des responsabilités en termes de bonne gouvernance. "Ce cadre réglementaire, a souligné Mahen Seeruttun, donnera le confort voulu aux investisseurs étrangers." Maurice n'évolue pas seule dans cette opération. L'aide de KfW, institution du gouvernement allemand pour mettre en place un projet de soutien financier, est assurée.
Impossible de faire l'impasse sur l'aide que la Fintech peut apporter à une juridiction qui veut prouver qu'avec la technologie numérique, l'innovation peut faire en sorte de disposer de services financiers plus efficaces et à moindre coût. Pour la première fois dans le pays, une FinExpo sera tenue en avril pour réunir des opérateurs financiers et de la Fintech sous un même toit. Cet évènement culminera avec une Careers and Jobs fair. L'intérêt du pays pour la Fintech se manifestera davantage avec l'élaboration imminente d'une stratégie nationale pour ce type de technologie et la création d'une Fintech City, où cette technologie réputée pour son potentiel d'innovation sera sur toutes les lèvres.
Qu'à cela ne tienne, le coup d'envoi de cette volonté d'être plus visible sur le plan international sera donné du 26 au 31 janvier, lors des travaux de la prochaine réunion à Maurice de l'Organisation des États d'Afrique, Caraïbes, Pacifique et de l'Union européenne (UE) avec la présence de Mairead McGuiness, commissaire de l'UE en charge des services financiers, de la stabilité financière et de l'Union des marchés de capitaux. Maurice effectuera une première revue du National RiskAssessment pour faire le point sur l'efficacité des cadres tant législatifs que régulateurs dont dispose le pays.
Autre initiative en 2023 face à laquelle la communauté internationale des services financiers ne devrait pas rester insensible, après les coups de massue des listes grise et noire du GAFI et de l'UE : le dépôt à l'Assemblée nationale dès le premier trimestre de l'AML/ CFT (Miscellaneous Provisions) Bill 2023. Voie par laquelle la juridiction mauricienne se donne les moyens législatifs pour combler les lacunes mineures aux recommandations du GAFI et ne pas tomber, une fois encore, dans les pièges d'une insuffisance dans la lutte efficace contre le blanchiment de l'argent sale et le financement du terrorisme.