Pas de "feel-good factor" pour les automobilistes. Cette tendance risque de perdurer même s'il y a une baisse majeure des prix des carburants sur le plan mondial. La logique des autorités concernées semble être de pomper du porte-monnaie des consommateurs pour renflouer les caisses de l'État.
Une chose est sûre. Depuis vendredi, les automobilistes et autres usagers de carburants contribuent à remplir le Price Stabilisation Account (PSA) de la State Trading Corporation (STC). Cette dernière achète l'essence et le diesel moins cher si l'on se fie à son communiqué sorti vendredi, mais elle évoque en même temps des pertes sur la vente du diesel. Donc le consommateur en pâtit. La STC payait l'essence à 980,32 USD la tonne métrique et le diesel à 141,42 USD le baril en septembre dernier. Son dernier communiqué fait état qu'en janvier, elle a acheté l'essence à 827,33 dollars et le diesel à 115,38 dollars. Donc, elle a économisé 26,04 USD sur le diesel et 152,99 USD sur l'essence. De plus, le dollar s'échange à Rs 45, comme en septembre.
Pour quelle raison ne faitelle pas les consommateurs profiter de cette baisse ? D'après un expert en produits pétroliers, le Petroleum Pricing Committee (PPC) a fait en sorte que cette baisse ne soit pas répercutée sur les consommateurs. "L'argent de cette baisse va où ? Tout laisse croire que cet argent n'ira pas dans la poche des consommateurs, mais dans le trou sans fond qu'est le PSA. Comme il n'y a aucune transparence dans la gestion financière de la STC, personne ne sait comment les sous de ce compte sont dépensés. Il faudrait un auditeur indépendant pour veiller à ce que cet argent ne soit pas dépensé à d'autres fins. De toute façon, si l'on se fie à la logique de la STC, même s'il y a une baisse conséquente des carburants durant les prochains mois, les consommateurs n'en profiteront pas car l'argent de la baisse ira au PSA qui est déficitaire." De plus, cet expert dit ne pas comprendre l'explication de la STC qui a déclaré qu'elle ferait des pertes de Rs 5,91 par litre de diesel en raison du refus du ministre Soodesh Callichurn de majorer le prix à Rs 61,40. "Il faut expliquer à la population cette logique de pertes car elle achetait le diesel à Rs 141,42 USD le baril en septembre dernier, mais désormais, elle le paie à Rs 115,38 USD."
Déficit de Rs 4,4 milliards
Pour en revenir au PSA, la STC fait état que ce fonds avait un déficit de Rs 4,4 milliards en septembre dernier. Le PSA avait un surplus de Rs 510 millions en 2020, puis ce chiffre est passé à Rs 50 millions en septembre 2021 pour devenir déficitaire de Rs 1, 4 milliard en octobre 2021. "Quand la STC avait des réserves, elle aurait dû mettre de l'argent dans le PSA au lieu de le verser au Consolidated fund", déclare l'expert pétrolier. Par ailleurs, un élément très important est passé inaperçu dans la structure des prix rendue publique vendredi. Il est vrai que les automobilistes ne paient plus Rs 2 par litre de carburants pour l'achat de vaccins et Rs 1 pour le Covid-19 Solidarity Fund depuis septembre, mais ils contribuent depuis vendredi Rs 6,65 par litre d'essence au PSA. C'est pour cela que le public ne profite pas de la baisse du prix des carburants survenue entre septembre dernier et janvier.
D'ailleurs, il n'y a pas que la STC qui profite de la manne des automobilistes. La vente des carburants est une mine d'or pour l'État. Les différentes taxes, y compris la contribution de Rs 6,65 au PSA, lui rapporte Rs 38,63 par litre d'essence. D'après les chiffres officiels, la STC a vendu 225 millions de litres d'essence en 2021 (les chiffres de 2022 ne sont pas disponibles). L'État a donc encaissé Rs 8,7 milliards en une année rien que sur l'essence. La STC a en même temps commercialisé 425 millions de litres de diesel et les taxes et prélèvements sur ce carburant s'élèvent de Rs 21,67 par litre. La vente de diesel a rapporté Rs 9,2 milliards. Le gouvernement a donc prélevé Rs 18 milliards de la poche des consommateurs. D'ailleurs, cet argent n'est pas toujours utilisé pour le but auquel il était destiné. Par exemple, lors d'une question parlementaire du député Ehsan Juman l'année dernière, le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, avait déposé un document à l'Assemblée nationale. Il en ressortait que de juillet 2018 à mars 2022, les automobilistes ont contribué Rs 3,1 milliards sous l'item "Contribution to Road Development Authority", mais que seules Rs 354 millions avaient été dépensées.