Guinée: Procès du 28-Septembre - Moussa Dadis Camara répond aux avocats de ses co-accusés

Moussa Dadis Camara ( photo d'archive).

La 10e comparution de Moussa Dadis Camara au procès du massacre du stade de Conakry a notamment été marquée ce lundi 16 janvier par le retour du duel très attendu entre l'ex-chef de la junte et les avocats de son aide de camp, Toumba.

Maître Paul Yomba Kourouma avait demandé plus de temps pour préparer l'interrogatoire de Moussa Dadis Camara. Son client et l'ancien chef de la junte s'accusent mutuellement d'avoir dirigé la répression qui a causé la mort de plus de 150 personnes lors d'un rassemblement de l'opposition le 28 septembre 2009. Alors l'avocat a tenté dès ses premiers mots ce lundi de mettre la pression sur le prévenu. " Monsieur Moussa Dadis Camara, j'aurais bien voulu vous saluer, mais je sais que vous ne répondriez pas, lui lance-t-il en guise de préambule. Je peux tenter : bonjour. "

Face à l'ironie du vieil avocat, l'ex-putschiste réussit à garder son calme, mais répond par une pique. " Si c'est parce que je ne vous ai pas nommé ministre que vous êtes hargneux contre moi... Il a passé tout le temps à me saboter à la radio sur le plan international, Monsieur le président ", se plaint Moussa Dadis Camara.

L'audience avait repris ce lundi matin par les questions de Maître Salifou Béavogui, l'avocat de deux gendarmes accusés d'avoir participé aux tueries. Mais l'ex-chef de la junte n'a, à aucun moment, été mis en difficulté. Bien au contraire, les questions de l'avocat n'ont visé qu'à le disculper afin, par ricochet, de permettre d'innocenter ses clients. " Vous êtes accusés d'avoir donné des instructions pour mater les manifestants, est-ce vrai ou faux ? ", a ainsi demandé maître Béavogui. " Ce n'est pas vrai, maître ", a assuré Dadis.

Dans son boubou bleu, l'ex-chef d'État a été d'un calme olympien, répondant d'une voix douce. " Vous qui avez pris le pouvoir sans effusion de sang et qui avez été acclamé par le peuple tout entier, pouviez-vous accepter ou cautionner que des manifestants pro-démocratie soient tués de la sorte ? ", l'a encore interrogé l'avocat. " Non ", a sobrement répondu le prévenu.

La comparution de Moussa Dadis Camara devrait se terminer cette semaine. Après avoir été appelé dix fois à la barre, peu d'éléments nouveaux sont ressortis des derniers débats. L'ex-putschiste est l'accusé qui est resté le plus longtemps face au tribunal. Deux prévenus doivent encore être interrogés avant de laisser la place aux victimes et aux témoins.

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