Décidément, ce début d'année aura été très sanglant au Sénégal, pays du président Macky Sall. En effet, un nouvel accident de la circulation intervenu en début de semaine en cours, a provoqué la mort d'une vingtaine de personnes avec autant de blessés à Louga dans le Nord du pays.
Or, pas plus tard que le 8 janvier dernier, une quarantaine de personnes avaient aussi péri dans un autre accident, provoquant une véritable onde de choc. D'aucuns avaient vite fait de tirer à boulets rouges sur les autorités sénégalaises qu'ils jugeaient incapables de faire respecter non seulement les règles de conduite, mais aussi la réglementation sur l'état des véhicules.
Mais dans la foulée, et comme pour faire dans la prévention, le gouvernement avait bandé les muscles en annonçant une batterie de mesures dont la plupart sont contestées par les transporteurs qui prévoyaient, du reste, une grève illimitée à partir de ce mardi 17 janvier 2023. En tout cas, ce nouvel accident meurtrier de la circulation ne vient pas arranger la situation. Loin s'en faut !
Car, le président Macky Sall, manifestement tétanisé par ces drames à répétition, a réaffirmé la " nécessité de renforcer les mesures de sécurité routière ". En le disant, le président Sall laisse croire qu'il n'entend pas battre en retraite dans l'application des mesures prises au lendemain de la tragédie de Kaffrine, et cela, en dépit de la résistance dont font montre les transporteurs.
On se demande si le président Macky Sall aura le courage d'aller jusqu'au bout en faisant respecter les nouvelles mesures
Il a peut-être raison parce qu'avant tout, il se pose là un sérieux problème de sécurité publique, face auquel l'autorité ne saurait fermer les yeux.
En tout cas, au Sénégal, comme ailleurs en Afrique, les causes des accidents de la circulation sont connues : conduite inconsidérée, surcharges, mauvais état des routes, vétusté et aménagement dangereux des véhicules, corruption des agents chargés de faire respecter le Code de la route, etc.
Les maux étant connus, il faut donc leur apporter des solutions durables ; d'où la nécessité, pour les autorités sénégalaises, de ne pas rester les bras croisés.
Toutefois, quand on connaît le contexte sociopolitique délétère que vit le Sénégal depuis les émeutes consécutives à l'affaire Ousmane Sonko, en mars 2021, on se demande bien si le président Macky Sall aura le courage d'aller jusqu'au bout en faisant respecter les nouvelles mesures prises pour minimiser les risques d'accidents de la circulation.
Car, conscient que la moindre étincelle peut dégénérer en un brasier aux conséquences imprévisibles, le locataire du Palais de la République joue la carte de la prudence.
A preuve, il a déjà fait marche arrière sur la mesure portant interdiction d'équiper les cars en porte-bagages, où il a finalement accordé un moratoire d'un an aux transporteurs.