Le gouvernorat de Kinshasa s'est lancé dans une vaste opération de désengorgement de certains axes de la ville. Une opération organisée à quelques semaines de la visite du Pape François.
"Je me suis retrouvé ici à six heures, du matin. Toutes mes ventes ont été détruites, ou des gens sont partis avec", explique un marchand qui a fait face à des agents engagés par le gouvernorat ainsi que des policiers.
Tous sont à pied d'œuvre afin de nettoyer les différents petits commerces informels installés sur le carrefour de Magasin Kitambo, proche du centre-ville de Kinshasa.
L'échoppe de Jean Mbuyu en faisait partie. "Ils ont tout détruit, ils ont tout pris, je me suis retrouvé sans rien", dit-il à DW.
Même chose pour Patient qui vient de se faire détruire son petit stand en bois qui l'aide à arrondir ses fins de mois, en plus de son travail dans la fonction publique. "240.000 francs de l'Etat congolais... Avec tout ce qui part dans le transport, le logement... "
Opération ville propre
Germain Ngoliba, gouverneur de la province-ville, a lancé lundi dernier une vaste opération dite "coup de poing". Dans la cadre du programme Kin Bopeto, ou Kinshasa propre, lancé en 2019, cette dernière se concentre sur les principaux axes de la villeafin de débarrasser leurs abords des vendeurs illégaux, dans une mégalopole où, selon l'agence belge de développement, 75% de la population vivait de l'informel en 2017.
Des axes qui, d'ailleurs, seront empruntés par le Pape François, lors de sa visite en République démocratique du Congo à la fin du mois.
Première visite du Pape François à Kinshasa
Si le gouvernorat affirme que cette action ne coïncide en rien avec la réception du souverain pontife, le bourgmestre de la commune de Ngaliema, Dieu Merci Mayibanziluanga Divengi, trouve que cela "tombe à point nommé." D'autant que la résidence du président de la République n'est pas loin.
"Ça doit être un carrefour dégagé, car à tout moment le chef de l'Etat doit pouvoir recevoir des invités de marque. Et cela tombe à point nommé car le souverain pontife vient visiter notre pays. Mais on ne peut pas dire que son arrivée soit le déclencheur de l'opération."
Mais parmi les commerçants interrogés, peu d'entre eux comptaient rendre visite au Pape.
Selon eux, ce n'est pas la priorité. Et même si Patient se dit heureux de cette visite, il se demande combien de temps tiendront les effets de cette opération qu'il qualifie de spectacle.