Après une première journée marquée par l'absence du champion en titre, le Maroc et l'engouement populaire, Farid Ait Saada, coordinateur du comité d'organisation locale du CHAN, parle des enseignements de l'organisation et des premières satisfactions.
Propos recueillis par notre envoyé spécial à Oran,
RFI : La première journée du CHAN vient de se terminer. On a joué dans tous les stades et dans toutes les villes. Quels enseignements peut-on tirer de ces premiers jours du CHAN organisée par l'Algérie ?
Farid Ait Saada : Les premiers enseignements, c'est que les stades et centres d'entraînement sont tous fonctionnels. Les matches se sont déroulés tous dans de bonnes conditions. Certains, avec la présence d'un public nombreux. Ce qui est surprenant parce qu'on s'attendait à une forte affluence quand il s'agit de l'équipe algérienne, mais à Annaba et Constantine, il y a eu une grande foule alors que les Fennecs ne jouaient pas. C'était agréable à voir ce beau public, il y a eu le respect des adversaires et le respect des participants.
On déplore bien sûr, le forfait d'une équipe [le Maroc, NDLR] qui ne s'est pas déplacée, sinon la fête aurait été totale. Je constate également un engouement du public algérien, de de la rue algérienne pour cet événement. On dit que le CHAN n'est pas du niveau de la CAN, mais quand même, cette compétition est en train de prendre de l'envergure.
Vous parlez de l'engouement du public algérien qui est présent même quand la sélection ne joue pas. Est-ce que cela est dû simplement à la passion algérienne ? Ou c'est aussi l'organisation du CHAN qui a fait en sorte que les Algériens s'approprient cette compétition qui se joue chez eux ?
Les Algériens sont déjà des mordus de football. Mais, il ne faut pas oublier que le CHAN est une compétition réservée aux joueurs locaux. Et les Algériens suivent beaucoup le championnat local, ils suivent des compétitions africaines des clubs, donc ils connaissent des joueurs qui jouent dans ces équipes. Deuxièmement, les conditions pour suivre les matches sont remplies : il y a des transports prévus pour les supporters, les stades sont dans un très bon état avec des sièges, et non pas des gradins comme avant, avec un certain confort.
La troisième raison : les Algériens croient comme fer qu'ils pourraient bientôt accueillir une Coupe d'Afrique des Nations. Et pour eux, les chances de l'Algérie seraient doublées voire multipliées si le CHAN réussissait. Voilà autant de raisons qui ont contribué à ce succès populaire, relatif jusqu'à maintenant, mais qui pourrait augmenter, surtout si l'Algérie passe les tours et essaye de conquérir ce titre qui manque au palmarès du football algérien.
Justement, est-ce qu'on peut considérer que le CHAN soit une sorte d'opération séduction en vue d'obtenir l'organisation de la CAN 2025 ?
Il est clair que l'octroi de l'organisation de la CAN 2025 ne se jouera pas sur une seule compétition. Il y a plusieurs critères, mais il est vrai que la réussite du CHAN renforcerait la candidature de l'Algérie. Il y a des installations qui sont là, il y a une compétition qui a été organisée dans de bonnes conditions, donc déjà 70% du chemin a été fait. Il reste 30% parce que le cahier de charges pour la CAN est un peu plus élevé que celui du CHAN. Donc, il y a certaines infrastructures à terminer ou bien à édifier. Un bon CHAN contribuerait à renforcer le dossier algérien surtout que l'annonce du pays organisateur de la CAN 2025 se fera six jours après la finale.
Vous l'avez évoqué, il y a un absent de marque, le Maroc, mais il y a quand même le Camerounais Samuel Eto'o qui est là, et après tout ce qui s'est passé entre les deux pays, on peut dire que c'est une des grandes satisfactions de ce début de CHAN ?
Oui, mais il n'y a jamais eu de tension, même pour la crise, entre guillemets, concernant le match Algérie-Cameroun qualificatif pour la Coupe du monde 2022. C'était des reproches faits à l'arbitre et non pas au Cameroun, ni à Samuel Eto'o. Après, il y a des supporters qui s'enflamment, des dérapages verbaux, etc. Mais c'est le fait de supporters. Ce n'est pas l'État algérien, ce n'est pas la Fédération, ce n'est pas le sélectionneur algérien. Donc, c'est juste un excès de zèle de certains mais globalement, le Cameroun n'a jamais été insulté ou malmené par les Algériens. Je parle de manière officielle, donc pour moi, c'est un juste retour des choses. Il y a eu beaucoup de bruit pour rien.
Maintenant, il faut voir l'avenir, il y a d'autres échéances qui attendent les deux équipes. Ces deux équipes seront certainement amenés à se rencontrer encore dans d'autres circonstances. Il faut tourner la page et seule la vérité du terrain primera.