Dakar — Le chef de la division des Ressources humaines au ministère des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, auteur du livre "Les accidents de la route", paru en février 2021 aux éditions EdiSAL, Abdou Karim Diop, est d'avis que les pneus d'occasion, du fait de l'absence de contrôle à l'entrée, constituent un véritable "marché de la mort" au Sénégal.
"Les pneus d'occasion font un ravage dans ce pays. D'après les statistiques que j'avais obtenues entre 2017 et 2023, il y a eu 105 morts dans les accidents dus à un éclatement pneu. Les pneus au Sénégal, c'est un marché de la mort. Personne ne contrôle le secteur", a confié Abdou Karim Diop.
Selon les premiers éléments de l'enquête, l'accident survenu à Sikilo, le 8 janvier, faisant 42 mort, serait du à éclatement d'un pneu d'un des véhicules.
L'expert affiche sa désolation par rapport à l'absence de contrôle des pneus d'occasion qui entrent au Sénégal.
"On contrôle mêmes les biscuits de la patte alimentaire qui entrent dans ce pays mais pourquoi on ne contrôle pas à l'entrée des pneus qui portent entre 60 à 70 personnes par bus ?", s'est-il interrogé avant d'appeler les autorités à plus de vigilance et à veiller à l'application, dans toute sa rigueur, des mesures concernant les pneus.
"Il y a des règles qu'il faut observer concernant les pneus notamment l'indice de charge car quand le véhicule est trop chargé, le pneu peut éclater? Il y a aussi l'indice de vitesse et également l'âge des pneus dont certains roulent plusieurs années et peuvent éclater à tout moment", a-t-il-souligné.
M. Diop a insisté aussi sur le renforcement des capacités des utilisateurs des pneus dont certains n'ont aucune maîtrise de certains paramètres essentiels comme la pression que doit contenir un pneu.
"Si vous ne mettez pas la pression qu'il faut, vous allez non seulement augmenter la consommation du carburant mais également le pneu peut éclater à tout moment. Certains utilisateurs n'ont aucune notion scientifique de ce qu'on appelle la pression. Dans leur jargon, on parle de kilo alors en réalité la pression d'un pneu se mesure en barre", a-t-il fait remarquer.
Il a invité l'Etat à renforcer le contrôle des véhicules avant le départ, à exiger le port de la ceinture de sécurité et obliger les bus, les camions et autres véhicules de transport interurbains à se doter de triangles de pré-signalisation.
Dans l'accident de Sikilo, "si les passagers portaient des ceintures de sécurité, ils seraient restés sur place, donc ils ne seraient certainement pas victimes de certains chocs du véhicule qui bouge à l'intérieur" a-t-il-regertté.