Madagascar: Ylang-Ylang - Une filière porteuse qui reste à rebooster

La filière ylang-ylang a encore un grand potentiel de développement surtout sur les marches des huiles essentielles bio. Mais la filière devrait retrouver un second souffle. Et cela passe par le renouvellement des plantations.

L'ylang-ylang ou Cananga Odorata est un arbre originaire des zones tropicales humides d'Inde, de l'Indonésie, de la Malaisie et des Philippines. Mais, aujourd'hui, c'est devenu l'une des flores emblématiques de Madagascar. Ses fleurs jaunes recèlent un précieux parfum suave, intense et voluptueux. Elles grandissent rapidement les premières années et peuvent gagner 2 à 5 mètres par an. La plante pousse surtout dans les forêts humides à forte pluviosité. Elle a été importée dans l'océan Indien aux alentours du XXème siècle, à commencer par Madagascar puis dans les archipels des Comores et à Mayotte. Selon les données disponibles, la Grande Ile a exporté, il y a cent ans, 31,6 tonnes d'ylang-ylang.

En 1999, un colloque international s'est tenu dans le pays et a permis de savoir que l'exportation d'huiles essentielles d'ylang-ylang de Madagascar occupait 27 % du volume du commerce mondial. En 2005, 11 500 kg d'huiles essentielles ont été exportés. Depuis, l'exportation n'a pas connu une évolution spectaculaire. La France reste le principal client de l'huile essentielle d'ylang-ylang de la Grande Ile. Les Etats-Unis, bien que le volume de leurs importations reste faible, demeurent aussi un fidèle client.

Par rapport au volume d'exportation d'huiles essentielles de Madagascar qui dépasse désormais les 2000 tonnes selon l'estimation des professionnels, la part de l'ylang-ylang peut être qualifiée de négligeable. Les trois producteurs principaux d'huiles essentielles d'ylang-ylang, les Comores (40 t à Anjou an, 6 à 8 t dans les autres îles), Mayotte (7 t) et Madagascar (10 à 15 t) occupent le marché. L'huile des Comores et de Mayotte d'une part et l'huile de Madagascar, d'autre part, constituent deux niches de qualité différenciée qui, selon les spécialistes, ne sont pas comparables. Il est à noter que Madagascar produit plus de 25% de la production mondiale d'ylang-ylang qui est en fleur toute l'année, surtout entre novembre et mars.

Renouveler les plantations

En général, ce sont les femmes qui récoltent les fleurs et pour préserver au mieux les arômes, elles cueillent les fleurs très tôt le matin. Un pied d'ylang-ylang peut produire 3 à 4 kg par jour. Mais pour avoir la bonne qualité, il faut intercaler la cueillette. La demande ne cesse de croître dans la filière ylang-ylang bio. Cette fleur des fleurs caracole au sommet de la gamme des huiles essentielles les plus cotées. Les besoins du marché international pour l'huile essentielle d'ylang-ylang, notamment pour les qualités extra et première ainsi que pour les productions bio, sont en hausse continue. " L'huile essentielle d'ylang-ylang n'a pas à craindre la concurrence des produits de synthèse car sa composition olfactive est d'une complexité difficile à approcher ", soutient un opérateur de la filière base à Nosy Be.

Petits comme grands distillateurs reconnaissent que l'extraction d'huile essentielle d'ylang-ylang a encore un bel avenir ne serait-ce qu'avec la vogue de l'aromathérapie. Toutefois, le plus grand segment du marché demeure l'industrie de la parfumerie suivie de celle de la cosmétologie. Mais la filière a besoin d'être reboostée. Le rapport de l'Analyse Intégrée de Chaîne de Valeurs des Industries Stratégiques, commandée par le Projet Pôles Intégrés de Croissance et la Banque mondiale, révèle que la majorité des plantations pratiquent la polyculture où l'ylang-ylang est seulement l'une des plusieurs plantes cultivées par les planteurs. La moyenne d'âge de la souche d'arbre est 15 ans et plus.

" La culture d'ylang-ylang ne fait l'objet d'aucun programme d'amélioration, alors qu'elle génère un produit de très haute valeur ajoutée. Nos plantations sont vieillissantes et la production d'essence est restée très traditionnelle avec une multiplication de petites unités artisanales ", constate un agronome qui ajoute que si l'on veut assurer une régularité de l'offre et une qualité des produits finaux, il importe de mettre en place une organisation professionnelle et une chaine de valeurs efficaces. En effet, les producteurs ne font que perpétuer les traditions sur les techniques utilisées des années auparavant. Il n'y a pas eu de mise à jour de connaissance tant sur la qualité des semences utilisées que sur la conduite même de l'exploitation. Ces méconnaissances ne favorisent pas l'incitation à renouveler les plantations.

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