Madagascar: Le Vonizongo, une vaste zone-refuge

Le Vonizongo est un vaste territoire de l'Imerina ancien, compris entre l'Ikopa et la Betsiboka.

Selon la tradition écrite, remarque l'archéologue A. Mille (Bulletin de Madagascar, décembre 1969), c'est avec l'arrivée d'Andrianentoarivo, à l'époque d'Andrianjaka, que cette région prend naissance. " Après quelques décades, ce noyau de pionniers rayonna à partir des premiers établissements, Lohavohitra et Babay, suivant plusieurs directions, vers le Nord et l'Ouest."

Comme les deux premiers, de nouveaux villages fortifiés se sont bâtis, dont les Andrianentoarivo se partagent l'autorité, " symbolisant l'extrême division dans laquelle vivaient les seigneuries de cette époque ". Ces nouveaux noyaux s'appellent alors Andranovelona, Ambohidroandriana, Mampitovy, Maharavoravo, Ambohitriraisina, Faravazo, Andriambazina, Fihaonana, Fierenana, Andranomasina et Miaramanjaka. Si les cartes de Grandidier (1895) les mentionnent, celles plus récentes du Service géographique (1925, 1959) les situent plus au nord, comme un chapelet, " par suite d'une progression des groupes sociaux qui ont dû conserver, dans ces déplacements, les noms de leurs anciens villages d'origine ". Selon A. Mille, cette expansion se déroule entre 1650 environ et 1795, date de la prise en mains du Vonizongo par Andrianampoinimerina.

Ce dernier, dans les années qui suivent, en fixe la limite nord à la région d'Andriba, en y installant des avant-postes de colons-soldats à Mangasoavina, Andriba, Ambohitsimahafotsy, Malatsy, Imerimandroso. L'archéologue fait quelques remarques. Ainsi, les Tantara ny Andriana eto Madagascar ne permettent pas de délimiter les diverses parties du Vonizongo. Selon lui, le Famailahy, le Mangany, le Varamaina, le Volaniray ne semblent définis que par des chefs-lieux, eux-mêmes difficiles à identifier par suite d'une homonymie fréquente et variable suivant les cartes consultées.

Il en déduit que les " divisions du Vonizongo étaient, en définitive, des zones d'habitat entremêlées sous forme d'esclaves, dispersant un même groupe territorial dans des régions souvent éloignées les unes des autres ". Néanmoins, malgré ces imprécisions, la plupart de ces chefs-lieux, même ceux datant d'Andrianampoinimerina, ne dépassent guère la rivière Andranobe vers le Nord. C'est un affluent de l'Ikopa qui borde le sud d'Ankazobe. En ce qui concerne les avant-postes d'Andriba, ils ne sont pas inclus dans les divisions du Vonizongo et doivent être considérés comme une avancée isolée.

Du reste, dans les Tantara, la région comprise entre le sud d'Andriba et la rivière Manankazo est tenue, à l'époque, pour une zone inhabitée. La deuxième remarque de A. Mille concerne la densité et la composition des populations du Vonizongo. Le Guide annuaire de Madagascar de 1905, cité par l'archéologue, donne pour 1904 le chiffre de 41 673 habitants pour le Vonizongo et le Valalafotsy, réunis sous le nom de la province de l'Imerina du Nord.

La population comprend une majorité de Hovavao, de Hova et de fractions de Manendy (Mainty enin-dreny), de Sakalava, de Masombika (originaires du Mozambique) et de Tsiarondahy, dont la présence date d'Andrianampoinimerina. " Ces chiffres montrent qu'en-dehors de certaines zones de concentration, de vastes régions sont demeurées à peu près vides ", commente l'archéologue. Il ajoute que la présence d'une forte proportion de Hovavao- " esclaves affranchis ou rachetés, comprenant probablement une certaine proportion d'anciens esclaves en fuite "- démontre que le Vonizongo a été une zone-refuge, sans doute depuis l'époque Vazimba. D'après A. Mille, l'inventaire des anciens villages à fossés de cette région le confirme.

Un certain nombre de sites perchés, de type apparemment ancien, sont disséminés au nord de l'Andranobe et même de la rivière Manankazo. C'est dire que des groupes plus ou moins indépendants, en rupture avec leurs clans d'origine, peuplent par moments ces régions réputées désertes. Même certains Andriana qui, pour diverses raisons quittent l'Imerina central, se refugient au Vonizongo en des endroits non précisés. " On ne saurait dire dans quelle mesure ces groupes se sont intégrés à la population en place, ou s'ils se sont individualisés en créant des villages isolés. "

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