L'Etat a fait des efforts mais le gap est encore énorme. Seules 5 des quatorze régions médicales du pays ont un neurochirurgien. Et il faut 60 autres spécialistes pour permettre au Sénégal de rattraper son retard dans ce domaine.
Un manque criant de neurochirurgiens est constaté sur l'ensemble du territoire national. Une recherche sur Internet illustre ce fait. C'est une petite liste qui apparaît. Normal. Le pays n'en compte qu'une poignée. En tout, 23. Officiant essentiellement à Dakar. Thiès, Saint-Louis, Kaolack et Ziguinchor pratiquent aussi la neurochirurgie. Dans les autres régions du Sénégal, c'est le désert total. Pas un seul neurochirurgien pour prendre en charge les nombreux traumatismes crâniens et maladies du cerveau, de la moelle épinière et des nerfs. Une situation qui trouve sa réponse dans les explications du Professeur Momar Codé Ba, Chef du service neurochirurgie de l'hôpital de Fann.
" Cela remonte aux premières années de médecine. Beaucoup d'étudiants sont rebutés par le système nerveux. Cela leur semblait un peu ésotérique, un peu compliqué ", explique Pr Ba qui dirige par ailleurs la chaire de neurochirurgie (branche qui forme les spécialistes en neurochirurgie) à l'Université Cheikh Anta Diop. La faible couverture sur l'ensemble du territoire et l'insuffisance de plateau technique, dit-il, limitent les conditions de prise en charge des affections neurochirurgicales.
" Pendant longtemps, le Gouvernement ne donnait pas de bourses. Les jeunes médecins qui sortaient se disaient : on est docteur en médecine, on n'a pas de bourse. Donc on ne va pas dans une filière de formation payante. Parce que la spécialité, on la paie ", explique Pr Momar Codé Ba. Entre-temps, la donne a changé. Depuis quelque temps, dit-il, le Gouvernement donne des bourses à des Sénégalais qui s'inscrivent directement dans les filières de spécialisations telles que la neurochirurgie ". Résultat : la spécialité est devenue attrayante. Le nombre d'étudiants voulant s'inscrire en neurochirurgie quadruple. Aujourd'hui, une quarantaine de médecins sont dans le circuit. Tous vont très bientôt intégrer la neurochirurgie.
" Les ratios établissent qu'il faut 1 neurochirurgien pour 200 000 habitants. Nous, nous en sommes à 23 neurochirurgiens pour 17 millions d'habitants. Le gap est important ", soutient Pr Momar Codé Ba qui pense que le Sénégal " peut et doit " rattraper ce gap qui entrave la pratique de cette spécialisation si importante.
" On doit avoir dans chaque capitale régionale au moins 2 neurochirurgiens. Et dans chaque grande ville, au moins deux neurochirurgiens. Actuellement, on devrait normalement résorber un chiffre de 60 neurochirurgiens pour le pays ". Et parmi les 23 neurochirurgiens que compte le pays, dit Pr Ba, il y a, par contre, une bonne présence des femmes. " Nous veillons dans le recrutement à ce qu'il y ait des femmes. Il y a d'ailleurs deux professeurs agrégés qui sont des neurochirurgiennes. L'une, Pr Maguette Mbaye Ndour est à l'hôpital Fann. L'autre, Pr Maguette Gaye Sakho, officie à l'hôpital Idrissa Pouye de Grand-Yoff ", précise le Chef du service neurochirurgie de l'hôpital de Fann.
Pr Momar Codé Ba de citer aussi Dr Sagar Diop Diouf, médecin-militaire, qui se trouve à l'Hôpital Principal et qui sera agrégée dans quelques années. Sans oublier Dr Natacha Samb de l'hôpital régional de Ziguinchor. " Tout cela pour vous dire que l'espoir est permis. Surtout avec le développement des explorations, le scanner, l'Irm et les cours qu'on donne aux jeunes médecins en formation ", indique Pr Momar Codé Ba qui entrevoit de belles perspectives pour la neurochirurgie au Sénégal.