" Pourquoi et pour qui je filme ? " : c'est le thème de la 9e édition du festival Yarha. La semaine internationale du premier film a démarré dimanche 15 janvier dans la ville de Yaoundé. Au programme, formation et projections de films dans plusieurs salles de la ville. Cette année, quinze films sont en compétition officielle.
Le croassement d'un corbeau électrise la salle de projection de l'Institut français de Yaoundé. À l'écran, la déchirante histoire de Tembele, titre éponyme du film de Morris Mugisha, réalisateur ougandais. C'est l'une des premières découvertes du festival Yarha. Blanche, comme la vingtaine de personnes qui ont fait le déplacement, est émue : " Assez troublant, on comprend que c'est en quelque sorte la représentation de la douleur d'une perte, la perte d'un enfant... ". " C'est assez éprouvant comme situation, renchérit Rostand. La thématique était puissante. "
Au village du festival, on procède aux derniers réglages de cette neuvième édition. Deux jours après la montée des marches, Sylvie Nwet est au four et au moulin. La promotrice du festival est fière de voir son bébé grandir : " Je pense que l'enfant a assez bien grandi, parce qu'aujourd'hui, il marche, parce qu'aujourd'hui, il est connu nationalement et internationalement. "
Cent cinq films ont été reçus par les organisateurs, 15 sont en compétition officielle, preuve que le festival gagne en notoriété. " On parle de premiers films, on ne peut donc pas être très exigeant, explique l'acteur et réalisateur Roger Sallah, membre du jury. Mais on va quand même être assez axé sur certains points ; parce que dans le cinéma, il y a des normes. Après, s'il y a de la perfection, c'est autre chose. "
Gagner en ambition
Cette édition du festival Yarha fait un focus sur le cinéma tunisien. La Franco-Tunisienne Ouafa Belgacem, fondatrice de l'entreprise Culture Funding Watch, est à Yaoundé pour animer un atelier sur les politiques de financement, dans l'industrie du cinéma. Pour elle, le contexte tunisien est "plus ou moins similaire, surtout pour le monde de l'audiovisuel. Les grands cinéastes tunisiens ont réussi à s'imposer dans des palmarès importants, comme Kaouther Ben Hania. "
Il faut se donner les moyens de nos rêves.
Ouafa Belgacem au neuvième festival Yarha à Yaoundé
Forte de sa connaissance du milieu, Ouafa Belgacem compte partager son expérience de l'audiovisuel tunisien avec les festivaliers : " Si j'ai un conseil à donner, et ce n'est pas propre au Cameroun ou à la Tunisie, je pense que c'est propre à tout le continent, c'est qu'il faut se donner les moyens de nos rêves. " Pour elle, " on ne peut pas parler d'une industrie " du cinéma, " quand on regarde les investissements, les financements... là, on n'est pas sérieux. Quand on veut vraiment se positionner là-dessus, il faut y aller, comme on est allé pour d'autres secteurs. "
La semaine internationale du premier film s'achève le 22 janvier prochain. Outre les projections de films, Yarha est un espace de formation pour les plus jeunes qui seront notamment initiés à l'écriture du scénario.