Le monde scientifique en général, et médical en particulier, peut désormais compter sur Dr Sulu Maseb'a Mwang, qui vient d'obtenir le grade de professeur de l'enseignement supérieur en médecine, après avoir défendu sa thèse de doctorat avec brio, le week-end dernier, à l'Université de Kinshasa.
Ce célèbre gynécologue-obstétricien, bien connu dans le monde médical à la suite de son expérience avérée dans le traitement de plusieurs maladies dont le cancer, a intitulé sa thèse comme suit : " Cancer du sein invasif chez la femme congolaise à Kinshasa (RDC) à l'ère des thérapies moléculaires ciblées ".
En effet, Dr Sulu voulait savoir à quel niveau le cancer du sein invasif est un problème majeur de santé publique chez la femme à Kinshasa. Quels sont les facteurs de risque associés du cancer du sein chez la femme kinoise ? Les connaissances de la population et du personnel soignant à Kinshasa sur le traitement des cancers, évasifs sont-elles suffisantes. Son autre question de recherche était basée sur les particularités moléculaires reconnues comme cibles à caractère thérapeutique dans le cancer du sein chez la femme congolaise.
L'objectif poursuivi par le professeur Sulu est de contribuer à l'amélioration de la santé de la femme congolaise et de ses connaissances sur le cancer du sein, car il a démontré dans son exposé que plusieurs femmes, même le personnel soignant, avaient une insuffisance de connaissances sur les thérapies moléculaires ciblées pour combattre le cancer. Il voulait ajouter un plus dans ce domaine car très peu d'études y sont menées en RDC. Cette étude tombe à point nommé, affirme-t-il, pour le développement et le renforcement des directives nationales de prise en charge du cancer du sein chez la femme congolaise.
Avancées significatives dans le traitement des cancers
D'entrée de jeu, Dr Sulu est revenu sur les avancées majeures de ces deux dernières décennies dans le traitement des cancers. Il y a notamment " les thérapies moléculaires ciblées ", qui sont un groupe de nouveaux agents anticancéreux mis en place pour attaquer les cellules cancéreuses en repérant chez elles une cible précise et en épargnant au maximum les cellules saines. Il y a aussi " l'uminothérapie anti PD-L1 " qui vise à stimuler les défenses de l'organisme contre les cellules cancéreuses.
Il a aussi déterminé, à la suite de cette thèse, le profil épidémiologique des cancers chez les femmes à Kinshasa, en identifiant les facteurs de risque du cancer du sein et a établi les caractéristiques cliniques et immun histochimique des patientes atteintes d'un cancer du sein invasif chez les femmes suivies au Centre hospitalier Nganda à Kinshasa.
Cette thèse d'agrégation a aussi exploré l'expression du " ligand 1 du récepteur de mort similaire programmé (PD-L1) auprès des patientes d'un cancer triple négatif métastatique à Kinshasa en RDC ".
Conclusions et recommandations
Au terme de cette étude, Dr Sulu a noté une forte association entre le cancer du sein chez les femmes congolaises et l'âge précoce de la ménarche (premier cycle menstruel), l'antécédent familial du cancer du sein, le surpoids ou l'obésité. Il a ainsi invité la population à observer certaines mesures de prévention, notamment éviter le surpoids, la consommation excessive de boissons alcoolisées et de contrôler son alimentation.
Par ailleurs, il affirme que la lutte contre les cancers chez la femme congolaise doit se concentrer principalement sur le cancer du sein et le cancer du col utérin, qui sont majoritaires. Aussi, les caractéristiques du cancer du sein, montrant qu'il débute précocément chez les femmes à Kinshasa et avec une tranche d'âge la plus touchée (35-39 ans). Par conséquent, il exige que son dépistage démarre dès l'âge de 30 ans. Par ailleurs, le profil biologique de la tumeur est essentiel dans sa prise en charge qui doit être ciblée et l'immunothérapie mise en concurrence pour les CSTN.
Dr Sulu insiste, dans sa conclusion, sur l'éducation et la sensibilisation contre le cancer en général et contre le cancer du sein en particulier. Aussi, martèle-t-il, il y a lieu de renforcer en capacité les prestataires des soins sur le cancer et il doit être appuyé et obligatoire pour améliorer la prise en charge de la maladie.
En outre, les filières de cancérologie doivent être créées dans les institutions d'enseignement supérieur et universitaire, de même que celles liées aux soins palliatifs. Aussi, la caractérisation moléculaire du cancer du sein et la recherche de l'expression PD-L1 doivent être systématiques. De plus, la réalisation d'études similaires sur l'ensemble du pays permettrait d'améliorer les connaissances sur le cancer du sein, ceci dans le but d'adapter la meilleure thérapeutique dans le milieu médical. Il a, enfin, insisté sur la création d'un registre national de cancer afin de mieux organiser la prise en charge de la maladie en RDC.
A la fin de son exposé, le Secrétaire général académique chargé de la recherche à l'UNIKIN, le Pr Antoine Tshimpi a, au nom du Recteur, conféré au candidat le grade d'Agrégé de l'enseignement supérieur en médecine. De leur côté, les membres du jury ont salué l'apport de cette thèse qui, selon eux, est venue résoudre un problème important dans la société congolaise.
Il faut noter que Dr Sulu Maseb' a Mwang est administrateur-directeur général de la Société " Sulu group Sarl ", médecin directeur honoraire de la Clinique Ngaliema, responsable de la Clinique Nganda, président de l'Alliance du secteur privé de la santé, grand officier de l'Ordre national du Léopard, président honoraire de la Ligue nationale de lutte contre le cancer (LINAC), et fut membre d'honneur de l'Académie congolaise des sciences " ACCOS ", société savante de la RDC.
Il est docteur en médecine, chirurgie et accouchements de l'Université Nationale du Zaïre (UNAZA) et spécialiste en gynécologie-obstétrique de l'Université de Liège en Belgique.