Sénégal: Lutte contre les sachets plastiques, baisse du cout du loyer, interdiction de fumer dans les lieux publics... - Quand l'Etat peine à imposer son autorité

18 Janvier 2023

Que ce soit dans la lutte contre les sachets plastiques, l'interdiction de fumer dans les lieux publics, la baisse du prix du loyer, etc. plusieurs mesures du gouvernement peinent à s'imposer. Ce, malgré la promesse de la politique de "tolérance zéro". En effet, après l'accident de la route qui a tué 42 personnes, le gouvernement a pris 22 mesures "controversées" visant à lutter contre l'insécurité routière. Du coup, sa fermeté est mise à l'épreuve pour l'applicabilité effective de ces mesures, quand on sait qu'il est déjà revenu sur sa décision relative à l'interdiction de pose de porte-bagages, à peine annoncée.

Après l'accident de Sikilo, dans la région de Kaffrine, ayant coûté la vie à 42 personnes, le gouvernement du Sénégal a affiché sa détermination à lutter contre l'insécurité routière. Qui plus est, il l'a réaffirmé, avant-hier lundi, après l'accident de Sakal qui a encore fait 22 morts. Lors du Conseil interministériel sur la question, tenu le lundi 9 janvier dernier, le gouvernement a ainsi pris plusieurs mesures (au nombre de 22) dont l'interdiction de circuler pour les véhicules de transport public de voyageurs sur les routes interurbaines entre 23 heures et 5 heures, l'importation des pneus usés et des porte-bagages.

A peine l'annonce faite, la levée de bouclier des professionnels du secteur des transports ne s'est pas faite attendre. Comme conséquence : l'Etat a fait "marche arrière" sur l'interdiction de porte-bagages. Dans un arrêté, le gouvernement informe que les bus et minibus sont autorisés à "titre dérogatoire, à conserver leur porte-bagages pendant un an, mais la hauteur du chargement ne pourra pas dépasser 50 ou 70 cm selon les véhicules". Allant plus loin, certains syndicats du secteur du transport ont même décrété une grève pour dire non aux nouvelles mesures destinées à lutter contre les accidents de la route.

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En effet, la reculade du gouvernement pourrait donner raison à ceux qui doutent de l'applicabilité effective des mesures prises. Et pour cause, elles sont nombreuses les décisions du gouvernement dans beaucoup de secteurs qui peinent à s'imposer, malgré les multiples campagnes de sensibilisation et la politique de "tolérance zéro" brandie souvent.

Sont-elles prises à la hâte ou l'Etat manque-t-il de fermeté ? Quoi qu'il en soit, la liste est longue. L'on peut citer la loi n°2020-04 du 8 janvier 2020 relative à la prévention et à la réduction de l'incidence sur l'environnement des produits plastiques, après l'échec de la première loi votée en 2015. Deux ans après l'entrée en vigueur de cette loi, les sachets plastiques inondent toujours le marché. Ils sont visibles dans tous les coins de rues.

D'ailleurs, en 2020, pendant la pandémie de Covid-19, le gouvernement avait décidé "d'assouplir l'application de certaines dispositions de la loi qui ont un fort impact économique et social". Il s'agissait de celle portant interdiction de la production de l'eau en sachet. Une décision qui, pour certains, a contribué à l'échec de la lutte contre les sachets et le péril plastiques.

La baisse du coût du loyer fait également partie de ces mesures du gouvernement vouées à l'échec. L'on se rappelle de la loi de 2014, saluée par toute la population étranglée par la cherté de la location, surtout à Dakar. Hélas ! Le texte qui était censé réguler la location, n'aura pas produit l'effet escompté. Au contraire, quelques mois après, la location est devenue plus chère. Elle est même en hausse de "plus de 200%", annonce le gouvernement. C'est pourquoi, le 7 novembre 2022, le président de la République, Macky Sall, est revenu à la charge pour encore annoncer une baisse des prix du loyer dont on attend toujours le décret d'application.

La mesure d'interdiction de fumer dans les lieux publics, adoptée en 2017 à travers la loi anti-tabac de 2014, est aussi passée à la trappe, malgré toutes les sanctions prévues. Aujourd'hui, personne n'en a cure. De même, dans le cadre du désencombrement de la capitale, les autorités ne cessent de lancer des opérations de déguerpissement dans certains endroits. Mais, quelques mois ou semaines après, les personnes déguerpies réinvestissent les lieux, comme si de rien n'était. C'est le cas au rond-point Liberté 6, où règne aujourd'hui un désordre total, et aux abords de l'Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar.

Parmi les décisions du gouvernement qui peinent à aboutir, on peut aussi citer la campagne de retrait des enfants de la rue. Et pourtant, à chaque fois qu'il arrête des décisions, l'Etat annonce, en grande pompe, la politique de "tolérance zéro", malgré les oppositions des acteurs. Mais, des mois plus tard, on constate que ces mesures ne produisent pas les résultats attendus. Dommage !

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