Madagascar: Cocktail explosif

L'année 2023 commence de manière effervescente. Les quinze premiers jours de l'année ont été marqués par deux événements qui ont défrayé les chroniques et affolé les réseaux sociaux.

Le soi-disant commerce d'enfants dans le district d'Ikongo rapporté par un député de cette localité et un maire à travers un témoignage a secoué le pays. Tout le monde y est allé avec sa définition du commerce. Certains ont compris qu'il s'agit de vente d'enfants sur le marché et se sont indignés. Pour eux c'est juste une affabulation. Le gouvernement a même annoncé l'ouverture d'une enquête à propos d'une diffusion de fausse nouvelle qui a secoué l'ordre public.

Le député d'Ikongo persiste et signe sur l'existence des faits lui-même et son épouse s'étant vu proposer d'acheter des enfants par des parents démunis et incapables de les prendre en charge. Et on est entré dans une guerre de communication pour prouver et démentir un fait.

La bataille occupe tant les protagonistes de part et d'autre oubliant complètement l'essentiel qui est la situation de malnutrition dans le Sud-est. ( Voir en page 8). 40 a 60% des enfants de onze districts dans les régions de cette partie du pays souffrent de malnutrition chronique selon les résultats d'une enquête. Ils ne sont pas les seuls à en juger le dernier rapport de la Banque Mondiale révélant un taux de pauvreté de 81% de la population.

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Quand on est pauvre, avec moins de 2 dollars par jour comme revenu, on est forcément malnutri. Il y a urgence absolue qui va au-delà du commerce d'enfants. D'ailleurs, si jadis la culture malgache met les enfants comme premières richesses, aujourd'hui les mœurs ont fondamentalement changé. Le nombre de nouveaux nés jetés dans des bacs à ordures, dans une fosse septique, dans un puits ou abandonnés par leurs parents n'a jamais été aussi nombreux. Vendre son enfant est donc moins dramatique que ces crimes qui semblent ne plus offusquer personne comparé au tollé qui a suivi la vente d'enfants à Ikongo.

La semaine qui débute a été marquée par un véritable tremblement de terre à Antsonjombe où le pasteur FJKM Zaka Andriamampianina a prononcé une homélie dans laquelle il conjuguait la réalité, l'insolence et l'ironie. Un cocktail explosif qui a secoué tout le microcosme politique. Et là aussi on s'est empressé de passer à la contre-attaque sur les plateaux de télévision et dans les réseaux sociaux pour tirer à boulets rouges sur ce diable de pasteur. Pourtant il a dit certaines vérités, toutes crues certes mais qui méritent que l'on s'y attarde. Ceci dit , à Ikongo comme à Antsonjombe, on a allumé du feu qui risque d'être attisé au fur et à mesure que les échéances électorales approchent. On a pu avoir un aperçu de ce que sera l'ambiance d'ici quelques mois. Et visiblement cela ne fait que commencer. À chaque semaine suffit sa peine.

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