Cameroun: Nelly Jordane Soppi la jeune fille décédée au palais de justice de Kribi repose désormais à MBouroukou / Mélong

18 Janvier 2023

La jeune fille de 17 ans, tragiquement décédée au palais de justice de Kribi le 11 janvier a été inhumée le 14 janvier à Bouroukou son village natal dans l'arrondissement de Mélong, département du Moungo, région du Littoral.

Quelques incantations des initiés clôturent les rites autour du cercueil pour préparer le chemin de l'au-delà. Les derniers coups de pelle versent la terre qui recouvre la tombe de la jeune Nelly Jordane Soppi. Des gerbes de fleur y sont par la suite posées arborant des messages mélancoliques.

L'ambiance est enveloppée de cris et lamentations des hommes et femmes, membres de la famille et autres connaissances venues accompagner la défunte dans sa dernière demeure.

Il est 15h30 environ. Le ciel lui aussi présente cet aspect sombre comme pour compatir à la douleur ambiante. Nous sommes là le samedi 14 janvier 2023 à Mbouroukou par Melong une contrée du département du Moungo dans la région du Littoral. C'est le village natal de la jeune fille de 17 ans qui s'est donné la mort mercredi 11 janvier aux environs de 14h au palais de justice de Kribi, en se jetant du haut du balcon de l'immeuble.

Les circonstances qui mènent à sa mort sont des accusations de vol d'objet " dit précieux ". L'adolescente était suspectée d'avoir dérobé une chaîne d'une valeur de 200.000fcfa à dame Ngo Ngaba Anne, qui les employait elle et son petit ami, dans une de ses résidences, comme ménagère et jardinier. Nelly Jordane qui ne se reconnaissait pas dans ce chef d'accusation était soutenu par son copain.

" Je suis convaincu du fond de moi que c'est une fausse accusation. Je connais Nelly. Elle n'a pas volé cette chaîne. C'est pourquoi j'avais demandé à cette femme d'appeler la police pour faire son travail " a déclaré Thierry Marcel Ndjie, le copain de Nelly.

C'est ainsi que dimanche 8 janvier, dame Ngaba appelle le commandant de brigade de Dombe qui envoie des éléments interpeller sans plainte ni mandat, le jeune couple. Ces derniers sont placés en garde à vue le même jour. Lundi, ils sont auditionnés sans la présence d'un conseil ni d'un membre de la famille bien que jouissants de la minorité civile et pénale. Mardi 10 janvier ils sont déférés sur mandat du procureur de la république, à la prison principale de Kribi. Mercredi 11 janvier ils sont présentés à la magistrate Cédian, 4e juge au tribunal de Kribi qui faisait office de juge d'instruction. La procédure est allée très vite. Beaucoup plus vite que d'habitude. 4 jours seulement ont suffit pour envoyer un justiciable à la tombe.

Mésaventure

Née le 14 septembre 2006 à Mbouroukou dans le Moungo d'un père qu'elle n'a pas trop connu, Nelly Jordane Soppi grandit dans une famille mono parentale. Sa mère Ateke Esso ne ménage pas d'efforts pour lui inculquer une bonne éducation. La demoiselle connaitra un parcours scolaire sans faille de la maternelle jusqu'en classe de première où elle essuie pour la première fois un échec à l'examen.

Celui probatoire session de juin 2022 au lycée polyvalent de Bonaberi à Douala. Supportant mal cet échec, elle fugue et se retrouve à Kribi où elle fera la rencontre physique du jeune Thierry Marcel Ndjie qu'elle ne connaissait jusque-là que sur le réseau social facebook. Ce dernier décide de l'héberger chez lui, dans le domicile familial. Mais il fait face au refus de sa maman. " Sa mère a refusé que lui-même étant mineur garde une mineur dans sa maison " rapporte une source. Marcel quittera donc le domicile maternel, se lancera dans l'inconnu avec sa compagne.

C'est dans la rue qu'ils rencontreront dame Ngo Ngaba, à qui ils se présenteront comme des orphelins en quête de survie. Celle-ci avec empathie, apprend-on, leur proposera de travailler pour elle contre un logement et un salaire de 35.000 chacun. " Nous avons travaillé pour elle pendant deux semaines. Elle a proposé à Nelly d'entrer dans son église. Nelly a refusé. C'est de là que naissent leurs problèmes " relate le jeune homme. Notre source rapporte que les deux ne s'entendaient plus.

Un jour, Nelly tombe gravement malade. La patronne ne prend pas soin d'elle. Et demande à Marcel de la laisser crever en échange de l'argent. " Elle m'a proposé une somme de 200.000f pour que j'abandonne ma petite amie ; j'ai refusé. Finalement je me suis débrouillé à l'emmener à l'hôpital " raconte-t-il. Le garçon indique également qu'un autre jour après sa maladie, la patronne demande à Nelly d'aller désormais faire du ménage chez elle. " C'est deux jours après que Nelly ait travaillé dans sa maison qu'elle déclare le vol de sa chaîne qui lui aurait coûté 200.000 frs Cfa ".

Quelques instants avant sa chute mortelle, Nelly avait déclaré au sortir de chez le juge d'instruction de " préférer mourir au lieu de rester innocemment prisonnière ". Une histoire rocambolesque qui finalement requiert la plus haute attention de la justice.

D'ailleurs la famille a porté plainte contre dame Ngaba pour fausse accusation et contre l'Etat du Cameroun représenté par le tribunal d'instance de Kribi pour homicide involontaire.

Notons que le petit Thierry Marcel Ndjie a lui-même essayé de se suicider au retour de chez le juge en se cognant plusieurs fois la tête au mur de sa cellule dans l'espace carcéral. Il était jusqu'à la matinée d'hier mardi 17 janvier interné à l'infirmerie de la prison. Il ignore encore que sa petite amie est décédée. Les gardiens de prison le ménagent en lui disant qu'elle est hospitalisée et que son pronostic vital n'est pas engagé.

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