Analyses au sujet des tractations pour sauver l'accord d'Alger signé par les autorités de Bamako et des groupes armés malien en 2015.
Le ministre malien des affaires étrangères et celui de la réconciliation nationale étaient à Alger pour des entretiens avec des responsables algériens sur un processus de paix au Mali. L'accord d'Alger est dans l'impasse depuis des mois. Abdoulaye Diop et le colonel Ismaël Wague ont été reçus par le président algérien, Abdelmajid Tebboune et le ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra.
Des points de discordes
C'est en fait une rencontre qui devrait permettre d'en organiser une autre ; celle qu'on annonce dans les coulisses entre le gouvernement malien et la CMA, la coordination des mouvements de l'azawad. Les deux parties devraient dit-on ici, s'engager à réactiver l'accord d'Alger, menacé depuis deux ans.
En décembre dernier, la plupart des groupes armés signataires de l'Accord de paix d'Alger ont annoncé la suspension de leur participation à ce traité. Ils reprochent au pouvoir de Bamako de manquer de volonté politique pour le maintien de cet accord et son application intégrale.
Depuis le coup d'Etat d'août 2020, ces groupes mettaient en garde contre une révision des points d'entente, alors que certains attribuent aux militaires, l'intention de revenir sur certaines clauses, en l'occurrence celles qui prévoient une décentralisation poussée dans les régions du Nord.
Les nouveaux maitres de Bamako avaient beaucoup critiqué les agissements de la CMA et dans la foulée, un accord qui aurait été passé entre ces derniers et la France. Plusieurs responsables maliens avaient, par exemple, dit ne pas pardonner à Paris, le refus de l'armée française de les laisser entrer à Kidal, tenue alors par les groupes armés de la CMA. Tout cela pourrait très bien faire partie du passé dans les jours à venir.
Le besoin d'agir
Le ministre malien des affaires étrangères l'a dit clairement : il veut que l'Algérie fournisse des efforts supplémentaires pour rapprocher les deux parties. Apparemment, le Mali semble vouloir sauver les accords d'Alger. Une volonté exprimée quelques jours à peine à après la déclaration du président algérien sur la présence au Mali des éléments du groupe paramilitaire russe, Wagner qualifiés de mercenaires. Abdelmadjid Tebboune avait laissé entendre que la présence de Wagner ne servait pas à grand-chose. Et l'argent pris pour financer ce partenariat pourrait servir à autre chose avait-il dit.
Le ministre des Affaires étrangères et celui de la Réconciliation nationale, étaient dans la capitale algérienne pour souligner entre autres la disponibilité entière du président de la transition, Assimi Goita, à oeuvrer pour la paix.
Leur visite à Alger intervient une semaine après des attentats sanglants qui ont fait 14 vicitmes militaires dans le centre du Mali. Un attentat de plus qui fait dire dans la région qu'une solution rapide au problème malien devient urgente même si au demeurant, chacun sait que la crise malienne est bien plus compliquée et ne concerne pas uniquement les signataires de l'accord d'Alger.
Nicolas Normand est chercheur associé à l'Institut des relations internationales et stratégiques, il revient sur les points de discordes et le rôle des protagonistes, notamment la médiation algérienne alors que la mise en œuvre de l'accord d'Alger signé en 2015 par les autorités de Bamako et des groupes armés maliens, peine à se concrétiser.