Diourbel — Les transporteurs de Diourbel regroupés au sein du cadre unitaire des syndicats des transports routiers du Sénégal (CUSTRS) ont refusé mercredi de s'aligner sur le mot d'ordre de grève illimitée lancée par le Syndicat des travailleurs des transports routiers du Sénégal (STTRS).
Ce matin, à la gare routière de cette ville, contrairement à ce que redoutaient beaucoup d'usagers, les véhicules de transport en commun, urbains et interurbains, ont circulé. Les transporteurs ont en effet ignoré l'appel à la grève illimitée lancée par des syndicalistes pour protester contre les mesures prises par le gouvernement après la collision de bus qui a fait 42 morts à Sikilo, près de Kaffrine, le 8 janvier dernier.
Lors d'un conseil interministériel organisé après cet accident, le Premier ministre, Amadou Ba, avait annoncé une vingtaine de décisions destinées à éviter les accidents de la route et renforcer la sécurité routière.
L'interdiction de transporter des voyageurs sur les routes interurbaines entre 23 heures et 5 heures, l'interdiction des porte-bagages, la limitation à dix ans de la durée d'exploitation des véhicules de transport de personnes et à quinze ans de celle des véhicules de transport de marchandises font partie des mesures prises.
Le ministre des Transports a décidé qu'à "à titre dérogatoire", "les véhicules affectés au transport public de voyageurs sont autorisés, pour une période d'un an à compter de la date de signature du présent arrêté, à conserver des porte-bagages dont les chargements ne peuvent dépasser 50 cm, pour les véhicules de 7/8 places et 70 cm, pour toutes les autres catégories de véhicules affectés au transport de voyageurs".
Au lendemain de ce conseil interministériel, des syndicats de transporteurs ont appelé à une grève illimitée à compter de ce 17 janvier, à partir de minuit. L'objectif visé à travers cette grève consiste, selon eux, à "dénoncer leur non implication dans la prise de ces décisions."
"Cela ne nous concerne pas parce que pour dire vrai, nous étions tous présents au conseil interministériel", a ainsi confié à l'APS Serigne Sal, le président du regroupement des transporteurs de Diourbel et représentant du CUSTR dans cette région.
Il a rappelé que les transporteurs "ont déjà rencontré le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, Mansour Faye, et partagé avec lui, leurs réserves par rapport à la faisabilité de certaines mesures".
Ces discussions, a-t-il dit, ont abouti à des concessions de la part du gouvernement sur certains points, notamment "les heures de voyage qui ont été revues pour les taxis AIBD, mais aussi, sur l'importation de pneus, les porte-bagages, entre autres."
"Donc si certains veulent aller en grève, ils n'ont qu'à le faire. Mais nous, cela ne nous concerne pas", a insisté M. Sall.
"Cette grève est plus que justifiée dans la mesures où toutes ces mesures ont été précipitamment prises de manière unilatérale par le gouvernement", a de son côté expliqué le chef de la gare routière de Diourbel, Omar Diop.
Selon lui, l'Etat doit "revenir sur ses décisions pour discuter avec tous les acteurs, pour trouver de manière inclusive les meilleures solutions et au-delà même, revoir les tarifs de voyage face à cette hausse enregistrée récemment sur le prix du carburant."