Le mot d'ordre de grève décrété par le syndicat des transports routiers, sur les 22 mesures prises par l'Etat suite à l'accident de Sikilo (Kaffrine) où il y a eu plus d'une quarantaine de morts, divise chauffeurs et transporteurs de Diourbel. Si certains sont favorables au respect strict du mot d'ordre de grève illimité, d'autres sont foncièrement contre. Malgré tout, le mot d'ordre a été bien suivi à la gare routière interurbaine, même si au niveau de l'urbain, il n'y a pas eu grande perturbation avec des taxis qui roulaient...
C'est la division au sein des responsables du Regroupement des transporteurs et les chauffeurs de Diourbel, suite au mot d'ordre de grève décrété par le Syndicat national des transports routiers, en réponse aux 22 mesures prises par le gouvernement du Sénégal suite à l'accident de Sikilo (Kaffrine) qui a fait plus d'une quarantaine de morts. Il s'agit de mesures qui visent à lutter contre l'insécurité routière. Alors que dans la ville de Diourbel il n'y a pas grand-chose à signaler, en terme de perturbation, car les transports urbains ont circulé, à la gare routière interurbaine, le mot d'ordre est largement suivi.
Pape Diagne, le secrétaire général du Syndicat des travailleurs du transport interurbain explique : "on est en grève parce que l'Etat du Sénégal a pris ses 22 mesures pour les appliquer à cause des accidents de la circulation. Un accident est inévitable. On doit se demander quelles sont les causes des accidents, en impliquant les acteurs concernés. L'Etat doit savoir que 90% des véhicules qui circulent au niveau des gares routières appartiennent aux chauffeurs. Ce qui devrait être clarifié devant l'Etat par les responsables que nous avons élu pour cela. On ne cherche pas à commettre des accidents de la circulation. Il y a au total 4 chauffeurs et 6 apprentis qui ont perdu la vie dans cet accident. Nous faisons partie des populations. On doit nous respecter et nous impliquer. Ceux que nous avions élus à Diourbel n'ont pas joué leur rôle".
Et il poursuit : "la grève a démarré ce mardi à zéro heure. Nous allons nous impliquer parce que nous sommes chauffeurs sénégalais. Nous ne sommes pas des Maliens ou des Mauritaniens ni des Guinéens. C'est nous qui élisons ceux qui nous dirigent. Nous ferons campagne dans tout le pays. Toute personne qui est sensible à nos problèmes, nous allons le soutenir ; toute personne qui ne s'intéresse pas à nos préoccupations, nous le bouterons hors du pouvoir".
Par contre, il y a d'autres qui sont contre la grève. C'est le cas de Serigne Sall, le président du Regroupement des chauffeurs. "Il y a d'abord la mesure sur l'âge du permis de conduire qui devrait passer de 23 ans à 25 ans, le permis de transport de 25 à 30 ans. L'Etat est revenu sur cette mesure. Ce qui concerne, l'âge des véhicules, il est de 10 ans à 20 ans pour les cars et 15 ans à 25 ans pour les camions. En ce qui concerne les pneus, notre ministre de tutelle va rencontrer le ministre du Commerce pour les pneus de premier choix", confie-t-il. Selon lui, "sur 22 mesures, l'Etat est revenu sur 5 ; donc je ne peux plus aller en grève".
Moustapha Touré, un voyageur, enseignant de son état et habitant Porokhane, trouvé à la gare routière de Diourbel, est foncièrement contre cette grève. "Nous sommes contre la grève. Un conflit doit se régler autour d'une table de négociation. Si les deux camps, Etat et syndicalistes, campent sur leurs positions, ce sont les populations qui vont en pâtir. On ne peut pas lutter contre un Etat. Les chauffeurs augmentent souvent le prix du transport, à leur guise, et ne respectent pas la baisse des prix". Il demande ainsi à l'Etat de veiller sur ceux qui ont choisi délibérément de ne pas aller en grève.