Ile Maurice: Rafick Bahadoor - "Catastrophe!"

interview

Les chauffeurs de taxi sont à plaindre en cette période de vie chère. Après l'accalmie de la période des fêtes, les voilà de nouveau confrontés à la dure réalité : celle du prix des carburants parmi le plus élevé au monde ou celle de la perte de travail depuis l'avènement du métro. Leur long chemin de croix se poursuit en ce début d'année.

Les prix des carburants restent inchangés. Votre ressenti par rapport à ce dossier brûlant ?

Pour le moment, c'est business as usual. En tout cas, la population est sceptique. Elle s'attendait à une baisse. Est-ce que le public comprend les arguments avancés par les autorités pour justifier cette décision ? Je ne le pense pas. Les gens prennent note de tout ce qui se passe et savent qu'on ne peut en parler ouvertement car il y a des formes de répression par la suite. Mais cela ne veut pas dire qu'à travers son silence, le peuple approuve tout ce que le gouvernement fait et dit. La masse silencieuse est en mode réflexion. Le sentiment de ras-le-bol commence à se généraliser. Et comme on dit, le silence est d'or... Ce qui est certain, c'est que personne n'est dupe.

On parle du projet d'ex- tension du métro, déjà dans un premier temps à Côte d'Or, après vers d'autres régions. Quel impact cela aura-t-il sur le secteur du transport et notamment les taxis ?

En fait, tout ce que ce gouvernement a promis qu'il ne ferait pas en 2014, c'est ce qu'il fait. En ce qui concerne le métro, c'est la communauté des chauffeurs de taxi qui paie le prix fort. Le travail a chuté de 30 à 40 % depuis la venue du tram. Pour le moment, les villages ne ressentent pas cette secousse qui bouleverse ceux qui bossent dans les villes. Maintenant, pensons à l'extension. Si on parle du nord du pays, les autobus eux-mêmes ne circulent plus après 19 heures, qui sont donc ceux qui vont voyager après ces heures ?

Justement, quelle est la situation des chauffeurs de taxi, après une année 2022 difficile ?

On ne peut parler de 2022, il faut parler des trois dernières années à cause du Covid-19. Un seul mot pour englober le tout : catastrophe ! En décembre dernier, on a quand même pu travailler un peu. Grâce aux touristes et à ceux qui ont obtenu leur bonus de fin d'année. Mais aujourd'hui, tout cela est ter- miné. Comme on le dit, ce n'est pas quand il y a la pluie que l'on parle de sécheresse. L'impact se fait ressentir depuis vendredi dernier. L'engouement de la fin d'année s'est estompé. Maintenant, les gens sont de nouveau de retour à la réalité et les poches sont vides...

Qu'attendez-vous pour cette année ?

Pas grand-chose. On souffre déjà à cause de l'inflation, les prix de certains produits vont encore connaître une hausse. J'ai entendu dire que selon Statistics Mauritius, le coût du transport et des aliments plombent le budget des ménages. Du coup, avant de dépenser son argent, une personne va y penser à deux fois, surtout que de nombreux ménages sont endettés. Décidément, l'année commence mal car le citoyen est déçu après que les prix des carburants n'ont pas été revus à la baisse...

AllAfrica publie environ 600 articles par jour provenant de plus de 110 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.