A Nyambamba et Mbogi, dans la province de l'Ituri, des fosses contenant près de 50 corps ont été signalées dans une zone où ont eu lieu des attaques de groupes armés.
Tout a commencé le 13 janvier dernier. Aux alentours de six heures du matin, un groupe d'éléments de la Codéco a attaqué le village de Nyamamba, tuant de nombreuses personnes.
Une attaque similaire a été menée dans la chefferie de Bahema nord où des corps ont été découverts. Informés, les casques bleus de la Monusco ont lancé une patrouille dans la zone qui leur a permis de découvrir des fosses communes dans lesquelles étaient enterrés une vingtaine de corps, y compris des femmes et des enfants, dévêtus et sans cercueil. Dix-huit corps ont également été découverts à Nyamamba.
Prudence
Dieudonné Lossadhekana, coordinateur de la société civile de l'Ituri, dit être informé de la découverte de ces fosses communes à Nyamamba et Mbogi bien qu'il émette quelques réserves.
"Il s'agit de quelles fosses communes ? Il y a à peine une semaine on venait d'enterrer des gens dans des fosses communes. Nous n'avons jamais reçu une alerte ou une plainte du côté des Lendu ou des Hema pour dire qu'il y a des gens qui sont perdus dans ces villages. Nous ne savons pas quoi dire par rapport à cette découverte. Nous souhaiterions qu'une enquête mixte soit diligentée dans la zone pour savoir ce qui s'est réellement passé," souligne ce membre de la société civile.
Du côté du bureau conjoint des Nations unies aux Droits de l'Homme en RDC (BCUNDH), Abdoul Aziz Thioye pense que le caractère récent de la découverte et l'éloignement de la zone expliqueraient pourquoi la société civile n'était pas au courant.
"Ce sont des faits que nous, le Bureau des droits de l'Homme, avions déjà rapportés dans notre rapport journalier du lundi soir. Les patrouilles ont été lancées le dimanche (15.01.23) et sont revenues avec ces confirmations. La situation est très grave et les circonstances on les connaît. La situation s'est dégradée de façon significative dans les territoires de Djugu et Mahagi suite à des attaques et des représailles soit des éléments du groupe Zaïre soit des factions de la Codéco," confie M.Thioye à la Deutsche Welle.
Etat de siège, quelle efficacité ?
Pour rappel, cela va faire plus de vingt mois que l'état de siège a été mis en place en Ituri.
Martin Olowa Ryeko est le président du caucus des élus provinciaux à Mahagi. Pour lui, au regard de la déliquescence du contexte sécuritaire en Ituri, il y a lieu de s'interroger sur l'efficacité de cette mesure.
"Nous avons constaté que les tueries ont pris une allure foudroyante, il y a eu plus de morts qu'avant l'état de siège. Les gens sont massacrés, il y a beaucoup de morts, des pillages, des incendies de maison... l'état de siège avait pour objectif de neutraliser les groupes armés mais force est de constater qu'ils n'ont pas été neutralisés, au contraire, ils se sont multipliés."
L'Onu appelle à ce que les responsables de ces attaques soient traduits en justice.
Secouée par des conflits intercommunautaires, la région aurifère d'Ituri a renoué avec les violences depuis fin 2017et l'avènement de la milice Codéco.