Depuis hier jeudi, la blogosphère burkinabè s'est emballée suite à la visite du nouveau ministre en charge des Sports sur le site du stade du 4-Août dont la réhabilitation est engagée depuis plusieurs mois. Et pour cause, une photo censée représenter les vestiaires, a plongé les amoureux du football dans l'émoi. Evidemment, des Burkinabè sincères se sont demandés si un travail sérieux se déroule dans ce stade mythique et au moment où des compétitions africaines se profilent à l'horizon.
Mais qu'en est-il réellement ? Déjà hier, le site L'Etalon.net alertait l'opinion publique nationale et internationale que l'image virale n'était pas celle des vestiaires dont les travaux à ce stade ne sont pas terminés. Mais il est bon de faire un certain nombre de rappels sur le projet de réhabilitation du stade du 4-Août, qui a été confié en 2021 au groupement d'entreprises TRUVA INSAAT/SIFA-SA/ Al- MOUNIA.
- Sur le coût du projet. Les spéculations vont bon train et les comparaisons les plus folles avec d'autres stades africains, se poursuivent. Le coût du marché est de 14.792.665.661 FCFA. Sur ce montant, il y a 2. 256.508.321 FCFA de TVA à reverser et plus de 376 millions de FCFA pour l'enregistrement du marché. Il reste donc quelques 12 milliards de FCFA pour les travaux. La précision de taille est que l'Etat a décidé de payer cette cagnotte sur 3 exercices budgétaires (2021, 2022 et 2023). A ce stade, l'Etat s'est acquitté d'un montant de 7.451.356.866 FCFA sur les 14 milliards de FCFA. Mais à ce jour, les entreprises ont dû engager un apport personnel de plus de 3 milliards de FCFA pour faire face à certaines contingences.
- Sur les retards du projet. C'est connu de tous, la réhabilitation des travaux du stade est suivie par un groupe mis en place depuis le début et qui comprend, le secrétariat technique du ministère en charge des sports, la Direction générale de l'architecture, de l'ingénierie et de la construction (DGAIC), le Laboratoire national du bâtiment et des travaux publics (LNBTP) et bien sûr par la mission de contrôle, GRETECH, recrutée à cet effet. A ce propos, ce n'est pas exagéré de rappeler que le processus de réhabilitation a commencé avec le ministre Dominique Nana et s'est poursuivi sous le magistère des ministres Matthias Tankoano, Wabou Drabo, Issouf Sirima et récemment Boubacar Savadogo. On peut donc aisément deviner que les changements institutionnels aidant, le projet a pu traverser des périodes d'incertitude. Ce ne sont pas les seules entreprises qui traversent le désert, surtout quand leurs fournisseurs sont à l'extérieur. En effet, la guerre en Ukraine a désorganisé l'approvisionnement mondial de certaines matières premières et provoqué le renchérissement de leurs coûts ainsi que l'envol du cours du dollar. Tenez, selon des sources proches de l'entreprise, les sièges du stade (pour les arbitres, les joueurs, les VIP et les supporters) ont été commandés en Espagne avec l'entreprise FIGUERAS. L'audiovisuel, (écrans géants, écrans périphériques, son, connexion à la RTB) doit être installé par l'entreprise française VIDELIO dont les techniciens sont d'ailleurs à pied d'œuvre actuellement. Sur Google, on peut d'ailleurs vérifier que c'est VIDELIO qui a réalisé les mêmes travaux pour le stade de France. Les projecteurs de 1200 Lux seront l'affaire de l'entreprise française Zumtobel et les coffrets électriques, ceux de la structure française EAS.
Si avec toutes ces entités étrangères dont certaines n'hésitent pas à revoir les modes de paiement et même le montant des prestations, dans les périodes d'instabilité institutionnelle, le groupement d'entreprises chargé des travaux a pu garder le cap, il faut plutôt s'en féliciter. Les amoureux du foot peuvent ne pas être contents du retard mais ils peuvent tout de même comprendre que personne ne peut prévoir une guerre en Ukraine et deux coups d'Etat en une année au Burkina Faso. On pourrait même avancer que c'est en voulant bien faire que la polémique a pu naitre. En effet, en prévision du match programmé le 20 mars prochain entre les Etalons et le Togo, le groupement d'entreprises mettait les bouchées doubles pour que les différents compartiments du stade soient opérationnels. A cet effet, le matériel restant (projecteurs, coffrets électriques) devait être acheminé par cargo pour gagner du temps. En attendant que les sièges des vestiaires soient réceptionnés (délai prévu en mars 2023), la solution palliative était de les faire confectionner par un fournisseur local. Et c'est la photo de ces sièges dans les vestiaires non encore achevés, qui a servi de matériau pour un mélodrame monté de toutes pièces.
Pour clore le chapitre des mécontents parmi les représentants des structures du sport, il n'est pas exagéré de dire que jusqu'à présent, le projet n'a pas été récusé par les techniciens et le contrôle qui tiennent chaque semaine une réunion pour évaluer l'état d'avancement des travaux. Dans ce domaine, on n'évoque pas d'ailleurs suffisamment, peut-être à dessein, le fait que jusqu'à présent, la pelouse n'est pas réhabilitée parce que l'entreprise adjudicatrice du marché (différente du groupement) n'a pas commencé son travail.
Enfin, dans le chapitre, il faut relever les ennuis judiciaires du groupement d'entreprises, toute chose qui a provoqué un blocage de deux mois.
Au total, si la vérité était donnée par des images et des explications bien claires, il n'y aurait pas d'émotion encore moins de colère. Il reste au public burkinabè amoureux du foot et surtout de la sincérité, de venir constater que les travaux avancent bien... C'est le seul juge souvent crédible ...
Service Communication du Groupement d'entreprises chargé de la réhabilitation du stade du 4-Août