Tunisie: Des têtes commencent à tomber

21 Janvier 2023

C'est la plus grande opération menée par les juges tunisiens contre la corruption, le recel de fonds publics, le blanchiment d'argent et le financement illégal de campagne électorale.

Dans le cadre de cette enquête, plusieurs personnes ont été mises en examen, interdites de voyage et leurs avoirs en banque gelés. Parmi elles, des dizaines sont placées en détention provisoire alors que d'autre sont en état de fuite à l'étranger. Ainsi, des têtes commencent à tomber. Des hommes politiques de premier rang figurent parmi les accusés, mais leurs avocats dénoncent "un acharnement judiciaire pour un règlement de comptes politique". Ils invoquent, dans une contre-attaque, la "calomnie" et "l'absence de preuve matérielle".

Il n'empêche, deux grandes structures sécuritaires, à savoir le pôle judiciaire financier et celui de la lutte contre le terrorisme, assurent avec toute la force de conviction que des indices graves et concordants ont conduit à ces mises en examen.

D'ores et déjà, des campagnes sur les réseaux sociaux essayent d'allumer partout des feux de haine et de discorde en vilipendant Kaïs Saïed de mettre au pas l'appareil sécuritaire et judiciaire en vue de neutraliser des adversaires politiques par le biais de ces affaires.

Pourtant, les faits sont là et ils sont têtus. Et la machine s'est finalement mise en marche pour traquer tous ceux qui abîment la République. En effet, ces cavaliers de l'apocalypse républicaine qui sont dans le collimateur de la justice essayent de se laver des accusations dont ils font l'objet non pas par une défense solide mais à l'aide de jeunes désœuvrés, dont plusieurs enfants mineurs, en leur distribuant de l'argent en vue de créer des troubles qui seraient annonciateurs de soulèvements dans les quartiers populaires.

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Cela dit, l'indifférence du gouvernement face à la colère populaire qui couve sous la braise est inquiétante. Ses expressions ont pourtant des noms : abstention électorale, érosion du pouvoir d'achat, envolée des prix et pénurie de produits alimentaires.

Cette grogne populaire représente un terreau fertile pour la contestation et les manifestations. Elle gagne toutes les couches sociales, y compris les retraités, qui se comptent par millions et qui se retrouvent après des années de labeur incapables de faire face à leurs besoins familiaux, alors que le système de santé est en état d'effondrement, ce qui les accule à se prendre en charge médicalement par leurs propres moyens.

Le risque est de voir la colère des justes converger avec la contestation des spoliateurs, des trafiquants et des contrebandiers pour baliser la voie à des actions nuisibles pour l'État si ce dernier se retranche derrière l'immobilisme.

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