Congo-Brazzaville: Et Loango s'imposa enfin ...

Ce qui ressort clairement de l'échange d'idées et de réflexions qui s'est tenu lundi dernier à Nantes entre la ministre de l'Industrie culturelle, touristique, artistique et des Loisirs, Lydie Pongault, et le président de la Fondation pour la mémoire de l'esclavage, Jean-Marc Ayrault, est bien le fait que Loango, ancienne capitale du Royaume Congo, se voit enfin reconnue par la communauté internationale comme le principal lieu de départ des navires de la " traite négrière " vers l'Amérique du Sud, les Caraïbes et les Etats-Unis. Une reconnaissance d'autant plus importante que cette page sinistre de l'histoire africaine s'impose aujourd'hui à ces nations comme l'un des pires crimes du passé dont il convient de réparer les dégâts.

Faisant partie du petit groupe d'observateurs qui soulignait depuis longtemps le fait que l'île de Gorée au Sénégal n'avait été ni la seule ni la plus terrible zone de l'action criminelle menée pendant quatre siècles par les puissances occidentales, nous sommes bien placés pour dire que Loango doit être dotée au plus vite des moyens qui en feront l'un des lieux de mémoire les plus visités du continent : parcours des zones d'embarquement des navires chargés d'esclaves, musée et salle de projection, centre de conférences, librairie ...

Pour dire aussi que si la repentance ne saurait s'imposer aux générations européennes du temps présent, la réparation des blessures profondes que leurs prédécesseurs ont causées aux populations du golfe de Guinée et du Bassin du Congo doit être aujourd'hui l'un des axes principaux de la coopération entre les deux continents.

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Dans le temps que nous vivons où l'Afrique redevient un enjeu majeur pour les grandes puissances du globe terrestre, rien n'est plus important - du moins le pensons-nous - que de faire des lieux de mémoire qui la jalonnent des points de rencontre où se retrouveront de façon régulière les chercheurs, les historiens, les analystes, mais aussi les acteurs politiques et les diplomates afin de réécrire ou de mieux comprendre les horreurs de l'Histoire, de la grande Histoire.

Une tâche dont l'antique cité de Loango, située à quelques encablures de Pointe-Noire et dont il ne reste aujourd'hui que des vestiges, doit être désormais le moteur pour ce qui concerne toute l'Afrique centrale. Exactement comme cela s'est produit en Egypte il y a un siècle lorsque l'histoire des pharaons a retrouvé la place éminente qui était la sienne dans l'antiquité. Exactement comme cela se produit aujourd'hui en Europe où la très sombre histoire des deux guerres mondiales qui opposèrent l'Allemagne à la France, au Royaume-Uni et à leurs alliés est redevenue omniprésente.

Au-delà du rappel d'un passé chargé de drames qui a coûté la vie à des dizaines de millions d'êtres humains, la restauration de Loango qui se dessine ouvrira sans aucun doute la porte à une dynamisation de la coopération entre l'Afrique centrale et les ex-puissances coloniales qui elle-même se traduira à coup sûr par un appui plus soutenu des pays riches aux pays en voie de développement. D'où l'importance que constitue le rappel de l'Histoire qui se précise au cœur de l'ancien Royaume Congo et sur lequel les plus hautes autorités de la République portent une grande, très grande attention.

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