C'était le rendez-vous politique de la soirée d'hier. Après plusieurs mois, le Premier ministre s'est à nouveau prêté à l'exercice de l'interview télévisée, avec une révélation à la clé.
Une révélation. C'est une des informations qui ressort de l'interview télévisée de Christian Ntsay, Premier ministre, hier. Selon ses dires, la tentative de motion de censure contre le gouvernement, en décembre, avait pour principale cible, le président de la République. Pour la première fois, depuis plusieurs mois, le locataire de Mahazoarivo se prête au jeu de l'interview télévisée.
Sa sortie médiatique a été diffusée à la télévision nationale TVM, hier. Une prestation d'une heure et 20 minutes, durant laquelle le chef du gouvernement s'est, entre autres, évertué à défendre le bilan de l'Exécutif. Il a également démenti formellement toute velléité de candidature à la présidentielle. Il a aussi assuré qu'il y aura bel et bien des élections cette année, en laissant entendre que la course à la magistrature suprême sera privilégiée.
Pour la première fois, également, il s'exprime au sujet de la tentative de motion de censure contre le gouvernement, en décembre. La question s'est imposée en effet. "Bien que la tentative de motion de censure ait été dirigée contre le Premier ministre et le gouvernement, la réelle intention de cet acte était d'évincer le président de la République", déclare alors Christian Ntsay.
Le locataire de Mahazoarivo qualifie de "déstabilisation", la fronde engagée par l'Assemblée nationale contre le gouvernement, le 8 décembre. Pour étayer ses affirmations, il cite notamment la demande d'avis formulée devant la Haute cour constitutionnelle (HCC), par Pierre Lenoble Navony, président du Haut conseil de défense de la démocratie et de l'état de droit (HCDDED), le 15 décembre.
Cour de jarnac
Une supposée "immixtion du président de la République dans les affaires de l'Assemblée nationale", et la valeur constitutionnelle ou juridique de la déclaration du bureau permanent de la Chambre basse, publiée le 8 décembre, sont les objets de cette demande d'avis. La HCC l'a déclaré "irrecevable", au motif que le président du HCDDED n'en a pas la prérogative.
Seulement, dans l'éventualité où cette demande aurait abouti sur un avis confirmant, ou laissant entendre une immixtion présidentielle dans les affaires de la Chambre basse, les conséquences auraient pu être un coup de jarnac contre le chef de l'Etat. Ce qui tendrait à confirmer les dires du Premier ministre. Une immixtion du locataire d'Iavoloha dans les affaires de l'Assemblée nationale est un acte anticonstitutionnel.