Depuis 2007, le 22 janvier de chaque année constitue un souvenir douloureux pour les guinéens. En cause, le carnage au pont " 8 Novembre " de Conakry et dans le reste de la capitale. Une opération des militaires dont certains étaient de la garde présidentielle d'alors. L'on parle d'une centaine de morts et de deux cent cinquante blessés. A ceci s'ajoutent de nombreux disparus qui n'ont jamais été retrouvés.
Le 22 janvier 2007, le général Lansana Conté dirigeait encore la Guinée. Sa discorde avec les responsables des centrales syndicales du pays d'alors, à savoir Rabiatou Sira Diallo et Ibrahima Fofana, est partie de la libération par lui-même d'un de ses proches collaborateurs qui était arrêté pour des faits présumés de détournement. Il s'agissait de Fodé Soumah. Les responsables syndicaux ont jugé l'acte " inacceptable " . Ils ont déclenché alors une grève générale illimitée. Au début, c'était pour exiger le retour en prison de Fodé Soumah. Mais avec la forte implication de la population dans la grève, les syndicalistes ont changé de cible pour réclamer cette fois le départ du pouvoir du général Lansana Conté.
C'était la toute première fois qu'une grève syndicale durait deux mois en Guinée. De janvier à février, le pays tout entier était quasiment à l'arrêt. Partout des manifestations éclataient avec la même exigence : le départ de Conté du pouvoir. Mais le général président n'a pas cédé. Alors le 22 janvier 2007, les syndicats ont appelé la population à aller le déloger du palais présidentiel. Une foule humaine à perte de vue, s'est mise en route pour Kaloum. Mais au pont " 8 Novembre " qui est un passage obligatoire pour tout accès à cette commune qui abrite le centre administratif de la Guinée, des bérets rouges de la garde présidentielle d'alors étaient massivement postés. Aussitôt qu'ils ont aperçu les manifestants, le carnage a suivi. Effrayés par ce dont ils venaient d'être témoins, les survivants ont rebroussé chemin dans une débandade totale.
Malgré la répression, les syndicalistes n'ont pas baissé les bras. Ils ont plutôt continué à mettre pression sur le général président. Mais avec la diplomatie menée par certaines organisations africaines notamment la CEDEAO et l'UA, les protagonistes ont accepté de dialoguer et fini par parvenir à un accord. L'un des points essentiels dudit accord était qu'un premier ministre qui n'avait jamais servi dans le régime d'alors, soit nommé. Mais à la surprise générale, Lansana Conté a choisi un de ses fidèles à savoir Eugen Camara. Des manifestations ont immédiatement éclaté partout dans le pays. Signe que la population était opposée à la personne qui venait d'être nommée.
La reprise de la médiation entre les protagonistes s'est avérée indispensable. Ce qui fut fait. Ensuite Lansana Conté a remplacé Eugène Camara par Lansana Kouyaté. Celui-ci correspondait au profil exigé par les syndicalistes. Il n'avait jusqu'ici servi en Guinée. Sa nomination a été donc acceptée et cela a conduit à la levée de la grève.