Kaffrine — Des chefs traditionnels de communautés locales, invités à la onzième édition du Festival national des Arts et Cultures (FESNAC), ouverte samedi à Kaffrine (centre), ont appelé les jeunes à la discipline et au retour aux valeurs culturelles et historiques, pour le bien commun.
"J'invite la jeunesse du Sénégal à plus de discipline et de retour à nos valeurs culturelles et historiques", a indiqué dans un entretien avec l'APS, la reine de Bignona, Toulaye Sagna, appelée Amand Etamé, son nom de couronne.
La cheffe coutumière Diola (une ethnie sénégalaise), couturière auparavant, a aujourd'hui laissé tomber ce métier pour se consacrer entièrement à l'entretien du legs de ses ancêtres.
Devenue reine, elle passe son temps aujourd'hui, à prêcher pour l'unité, la paix, la bravoure et la conciliation entre les communautés et recevoir les communautés en audiences. Elle ne cesse de prier aussi pour que les populations restent "ancrées" dans l'histoire de leurs ancêtres.
La reine de Bignona a au lendemain de l'ouverture officielle du Fesnac, magnifié l'importance de cette activité qui met en lumière les arts et les cultures du pays.
Elle était à cette occasion habillée en tenue traditionnelle, constituée de pagnes tissés de couleur blanche et bleue, accouplés de pagnes indigo, avec des gris-gris autour du cou et des bracelets de tout genre.
La cheffe coutumière a aussi fièrement mis sur sa tête, un bonnet de calebasse, bordé de perles et cauris.
"Le Fesnac est un moment fort de notre histoire. Vous savez, la culture est très importante pour nos peuples, car elle permet de garder nos valeurs culturelles et historiques. C'est la seule voie de salut pour nos enfants qui doivent redoubler d'efforts pour connaître leurs histoires", a-t-elle avancé.
La cheffe traditionnelle qui a remercié ministre de la Culture (Aliou Sow) d'avoir invité à ce Fesnac, des guides coutumiers, a prié pour la paix et la prospérité au Sénégal.
Le roi du Ndoucoumane (terroir correspondant à la région de Kaffrine) a pour sa part, insisté sur le rôle de régulateur social que jouent les chefferies traditionnelles.
"Le chef traditionnel est un régulateur social, un conciliateur, un éducateur, un homme de paix et de référence à travers ses qualités de bravoure, de respect et de dignité", a expliqué Talla Néné Ndao, dont le nom de couronne est Beulem du Ndoucoumane.
Il fut un ancien agent d'une société automobile, aujourd'hui, à la retraite. Le chef traditionnel estime que "malgré la modernité, les coutumiers continuent de garder toujours leur royauté".
"C'est le temps de la modernité certes, mais nous devons quand-même garder nos valeurs culturelles et historiques, signe de la stabilité du pays. Les jeunes doivent davantage revisiter l'histoire de leurs ancêtres", a-t-il souligné.
"C'est important pour éviter certaines dérives constatés", a recommandé Beuleum du Ndoucoumane.
Le Grand roi du Ndoucoumane a en outre fustigé les dérapages constatés à travers les réseaux sociaux. "Le Sénégal ne mérite pas cela", a-t-il indiqué.
Le roi du Saloum (terroir correspondant à la région de Kaolack), El Hadj Thierno Ndao est lui, un ancien commissaire à la sécurité alimentaire au Sénégal à la retraite. Il a lui aussi, lors de ces échanges avec l'APS, réitéré son appel aux jeunes à plus de respect de leur tradition.
"Le Sénégal, c'est une terre de culture et de paix. Nous devons renforcer cet acquis, j'invite la jeunesse au respect de la tradition, pour garder nos valeurs culturelles et historiques. Les chefferies traditionnelles restent des modèles de fidélité, de la fraternité, de bravoure et de sincérité", a-t-il fait savoir.
"Cette présence de toutes les communautés traditionnelles à Kaffrine facilite le brassage culturel et raffermie les relations entre les gardiens de la tradition", a souligné de son côté, Djaaraf Youssou Ndoye de la communauté Léboue invité d'honneur du Fesnac.
Le guide traditionnel a rappelé que le Sénégal est "un et indivisible", et que "nous devons tous cultiver la paix et prier pour un Sénégal prospère et dynamique".