Afrique: Chan 2023 - Otis Ngoma, le parfait bouc émissaire de l'élimination congolaise

Cible des critiques même acerbes, Otis Ngoma est pointé du doigt comme le premier responsable de l'élimination des Léopards A' dès le premier tour de la 7e édition du Championnat d'Afrique des nations (Chan), en dépit d'importantes causes lointaines.

Pour la première fois de l'histoire du Chan, les Léopards A' ont quitté la compétition au premier tour. Dans un groupe assez relevé avec la Côte d'Ivoire, le Sénégal et l'Ouganda, l'équipe conduite par le sélectionneur Otis Ngoma Kondi a montré des insuffisances. Même si l'ailier percutant Jonathan Ikangalombo a, par deux fois, été plébiscité " homme du match ", les Léopards n'ont inscrit aucun but en trois sorties. Après deux résultats d'égalité de zéro but partout contre respectivement l'Ouganda et la Côte d'Ivoire, les joueurs d'Otis Ngoma se sont inclinés au terme du match ultime de la troisième journée du groupe B devant les Lions de la Teranga A' du Sénégal par 0-3.

Certes, la défaite est lourde mais elle met à nu le niveau des joueurs du championnat national et aussi le manque de sérieux et d'organisation autour de cette sélection. La République démocratique du Congo s'était superbement qualifiée pour cette édition 2023 en déposant la modeste sélection du Tchad. Après, il n'y a plus eu rien au niveau de l'organisation. La quasi-totalité des matches amicaux que devraient livrer l'équipe a été annulée, alors que les adversaires se sont préparés avec plus d'une dizaine de matches chacun, prenant part à des tournois amicaux.

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Le sélectionneur Otis Ngoma l'a relevé lors d'une de ses sorties médiatiques. Aucun membre du staff technique ne disposait d'un contrat de travail depuis tout ce temps et les joueurs n'avaient même pas perçu leurs primes depuis le match éliminatoire contre le Tchad jusqu'à celui contre la Côte d'Ivoire. Ils ont dû brandir une menace de grève pour que l'on consente finalement à leur allouer leurs primes, avec à la clé une mésentente clairement affichée entre le ministre des Finances et celui des Sports sur le mode de remise de ces primes de matches. L'on se rend compte de l'état mental des joueurs avant et pendant le tournoi.

Alors qu'on devrait, au départ, mettre l'accent sur la préparation de l'équipe, on a plutôt eu l'impression qu'il y a eu une sorte de boycott, de sabotage. Et pourtant, le sélectionneur avait bien ficelé son programme de préparation. Les deux derniers matches de fixation contre la Libye et le Mali ont presque été improvisés, lors du dernier stage de préparation en Tunisie et ne devraient pas du tout résoudre le problème.

L'arrivée des primes quelques heures avant un match (la pratique est récurrente) n'a pas transformé les tares du déficit de préparation des joueurs. Ils ont, par exemple, disputé le premier match contre l'Ouganda avec des chaussures inadéquates et cela a été bien perceptible avec des contrôles ratés de balle, le manque d'équilibre (ils tombaient tout le temps). A-t-on pas anticipé ce problème qui pourtant à influer sur le jeu ? Ont-ils aussi eu suffisamment de temps d'acclimatation ? C'est l'hiver et il fait froid Annaba, ville au bord de la mer Méditerranée.

Otis assume...

Mais en dépit de tout cela, Otis Ngoma a assumé cet échec historique des Léopards A', vainqueurs par deux fois (2009 et 2016) de cette compétition, étant pratiquement le bouc émissaire parfait. " ... Je suis triste par rapport à ce match. J'assume l'entière responsabilité, parce que ce sont les garçons que j'ai choisis... ", a-t-il dit après le match.

Tout a visiblement été contre lui. Il a rassemblé un groupe de joueurs qui n'avaient pratiquement pas des matches dans les jambes, suite à l'irrégularité du championnat national caractérisé par beaucoup d'arrêts. Malgré des pressions et incomodités diverses, il a pu former un groupe avec les meilleurs du championnat national. Ils ont tous été là, tels les talentueux Elie Panzu, Ikangalombo, Guy Mfingi Magema, Peter Mutumosi, etc., et les expérimentés Issama Mpeko, Jean-Marc Makusu, le doyen Patou Ebunga Simbi. Mais ils ont tous été moins performants, loin des attentes, à l'instar du niveau réel du championnat national.

Otis Ngoma a travaillé à donner une âme à ce groupe sans avoir le minimum de temps et de moyens à sa disposition. Après le match nul contre l'Ouganda, il déclarait : " Aujourd'hui, il n'y a plus de petites équipes, tout le monde travaille, il n'y a que ceux qui ne travaillent pas qui croient qu'il y a encore de petites équipes. Le Madagascar a surpris le grand Ghana. Ce qui compte aujourd'hui au niveau du football et dans le sport en général au haut niveau, c'est la préparation. Vous vous préparez très bien, vous démarrez très bien. Vous ne vous préparez pas très bien, vous aurez des soucis en cours de route, même si vous régularisez certains détails ".

Le manque de préparation a rattrapé au finish les Léopards A' et Otis Ngoma porte la tunique du bouc émissaire parfait de ce flop de l'équipe congolaise à cette 7e édition du Chan. Le mal est profond. Peut-on finalement tirer des leçons et se mettre sérieusement au travail ? Les autres nations africaines sont déjà assez avancées.

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