Un ingénieur franco-espagnol de 26 ans, qui prenait des photos lors d'une manifestation jeudi à Paris contre la réforme des retraites, a dû être amputé d'un testicule après un coup de matraque d'un policier, a-t-on appris dimanche auprès de son avocate qui va porter plainte.
Sur des clichés circulant sur les réseaux sociaux et des vidéos, on voit un policier donner un coup de matraque à l'entrejambe d'un homme au sol, qui tient un appareil photo dans une main, puis repartir.
L'homme avait été jeté au sol par un autre policier, selon son récit.
L'avocate du jeune homme a indiqué qu'une plainte pour violences volontaires était en cours de dépôt.
"C'est une qualification criminelle, on n'est pas dans un état de légitime défense ou de nécessité, j'en veux pour preuve les images qu'on a et le fait qu'il n'ait pas été interpellé par la suite", a précisé Me Lucie Simon.
"C'est un coup si fort qu'on a dû lui amputer un testicule. Un geste extrêmement violent et gratuit qui confine au sadisme", a ajouté l'avocate de l'ingénieur, qui est toujours hospitalisé.
La scène s'est déroulée au moment de heurts entre manifestants et forces de l'ordre, avec jets de projectiles et usage de gaz lacrymogènes. La manifestation avait rassemblé des dizaines de milliers de personnes.
Une enquête administrative interne est ouverte depuis samedi, a indiqué à l'AFP la préfecture de police de Paris. Laurent Nuñez, "le préfet de police, a demandé au directeur de l'ordre public et de la circulation (DOPC) à ce que les circonstances exactes de l'incident rapporté soient éclaircies", a ajouté la préfecture de police.
Les faits se sont produits selon elle "dans un contexte d'extrême violence et dans le cadre d'une manoeuvre de police pour interpeller des individus violents".
Le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a exprimé sur la chaîne BFMTV son "empathie" envers le jeune homme tout en soulignant "la nécessité de comprendre les conditions dans lesquelles cette intervention a été réalisée" et d'"identifier ce qui relève de la légitime défense".
"C'était une séquence assez lourde pour les forces de l'ordre qui étaient, pour certaines d'entre elles, attaquées" selon la préfecture, a-t-il rappelé.
"Quand on regarde l'image, on est forcément interpellé" et "rien ne justifie de se retrouver opéré de la sorte, de se retrouver blessé", a estimé toutefois M. Véran.
L'ingénieur, qui vit en Guadeloupe, "est encore en état de choc et n'arrête pas de demander pourquoi" il a été blessé. "Il ne représentait pas un danger, il ressent une incompréhension, un choc et une colère car il va subir des conséquences irréversibles", a souligné Me Simon.