En République démocratique du Congo, les mouvements citoyens dénoncent la léthargie de la force militaire sous-régionale.
En République démocratique du Congo, les mouvements citoyens et groupes de pression de la province du Nord-Kivu ont tenu un point de presse ce lundi (23 janvier) à Goma pour annoncer de nouvelles actions et dénoncer, selon eux, la léthargie de la force militaire de la Communauté d'Afrique de l'Est, présente dans leur pays depuis novembre 2022.
Ces derniers se disent par ailleurs satisfaits de l'annulation de la rencontre qui était prévue ce lundi à Doha, au Qatar, entre les présidents rwandais Paul Kagame et congolais Félix Tshisekedi.
Journée ville morte à Goma
Dans une déclaration lue à la presse ce lundi à Goma, des mouvements citoyens et des groupes de pression ont annoncé que, dans la continuité de leur série de manifestations lancé le 18 janvier dernier, une journée ville morte sera observée jeudi prochain à Goma.
Josué Wallay, un activiste de Lucha, en lit un extrait :
"Nous remercions la population d'avoir pris part à la manifestation du 18 janvier et nous l'appelons patriotiquement à observer une journée ville morte ce jeudi 26 janvier 2023, façon d'épargner notre pays du plan de balkanisation, d'exiger le retrait rapide et inconditionnel des forces étrangères sur notre territoire, notamment l'armée kényane de l'EAC qui ne respecte pas sa mission inhérente".
Annulation de la rencontre Tshisekedi/Kagame
Ce point de presse s'est tenu alors que la rencontre qui devait avoir lieu à Doha, au Qatar, entre les chefs d'Etat rwandais et congolais venait d'être annulée, la présidence congolaise ayant déclaré que Félix Tshisekedi ne voulait pas y participer.
Cette position du président congolais est appréciée par les jeunes militants des mouvements citoyens. Jacques Sinzaera, l'un d'entre eux, estime que les rencontres précédentes entre les deux chefs d'Etat n'ont donné aucun résultat. C'est pourquoi il dit "saluer" la position du chef de l'Etat congolais: "parce qu'il a au moins répondu aux attentes de son peuple que nous sommes. Nous ne voulions pas de cette rencontre, notre président ne devrait pas continuer à rencontrer un président hypocrite à qui il avait tendu la main, mais qui en retour lui a donné du feu. Nous devons tout faire pour combattre ce mal jusqu'à ce que les Rwandais comprennent que les Congolais sont plus unis que jamais et déterminés à déjouer tout complot contre leur pays."
Vers une radicalisation des positions ?
Selon l'analyste politique congolais Daddy Saleh, la radicalisation de Félix Tshisekedi, qui refuse de dialoguer avec le Rwanda et avec les rebelles du M23, est la conséquence de l'escalade militaire dans l'est de la RDC.
"Pour le moment, explique Daddy Saleh, le chef de l'Etat congolais doit se concentrer sur la reconquête des zones conquises par l'ennemi en faisant la guerre. Nous devons reprendre Rutshuru, Bunagana et partout où il y a plus de 120 groupes armés, c'est la priorité. Et après ou pendant que cela sera fait sérieusement, nous pourrons négocier."
Les rebelles du M23 continuent de renforcer leurs positions dans plusieurs groupes de la chefferie de Bwito, selon la société civile du territoire de Rutshuru, qui dit ne pas constater de volonté de leur part de se retirer ou de cesser les hostilités.