Les autorités burkinabè demandent le départ des forces spéciales françaises de l'opération Sabre présentes à Ouagadougou depuis 2010.
Les 400 hommes des forces spéciales françaises présents dans le nord de la capitale burkinabè depuis 2010 représentent la plus vieille opération française ayant dans ses attributions la lutte contre le terrorisme au Sahel.
Cependant, arrivé deux ans avant l'opération Serval au Mali, Sabre n'est pas souvent visible sur le champ de la lutte contre le terrorisme.
La présence de cette mission n'est formalisée qu'en 2018 sous le mandat de Roch Marc Christian Kaboré. Elle avait été en effet mise en place sans statut officiel sous la présidence de Blaise Compaoré.
Quel rôle jouait l'opération Sabre?
L'action des forces spéciales est par définition peu visible mais les militaires de la force Sabre sont intervenus lors des attaques terroristes de janvier 2016, à Ouagadougou.
"Il est évident qu'en janvier 2016, lorsque l'hôtel Splendide, le restaurant et le capuccino ont été attaqués, il y a eu une collaboration entre Sabre et les autorités burkinabè pour libérer les otages, neutraliser les terroristes. Mais, au-delà de cela, les Burkinabè estiment qu'ils n'ont pas vu de valeur ajoutée", rappelle Seidik Abba, journaliste et spécialiste du Sahel.
L'armée française ne s'est toujours pas exprimée mais il n'y a pas longtemps, Sébastien Lecornu, le ministre français des Armées, disait dans une interview qu'"il n'est plus question de lutter contre le terrorisme à la place de nos partenaires mais de le faire avec eux, à leurs côtés".
Mission d'une force spéciale
Sabre est souvent intervenu aux côtés d'autres missions françaises en dehors du Burkina Faso, notamment avec la force Barkhane , pour éliminer les chefs djihadistes.
En 2012, les soldats de Sabre ont aussi été envoyés à Niamey quand des ressortissants français venaient d'être enlevés dans un restaurant. En mai 2013, les mêmes hommes sont venus appuyer l'armée nigérienne quand la mine d Areva a été visée par une attaque djihadiste.
Mais pour Antoine Glaser, journaliste et spécialiste de la région sahélienne, si les Burkinabè n'ont pas apprécié l'action des troupes françaises dans la lutte antiterroriste , d'autres facteurs relevant de la propagande politique sont entrés en jeu pour inciter les autorités burkinabè à renvoyer cette mission.
"Sans doute, sur cette base souverainiste, nationaliste, les jeunes demandent le départ des soldats français et comme ils (les militaires au pouvoir, ndlr) n'ont pas vraiment de succès contre les djihadistes, ils renforcent d'une façon leur soutien populaire en disant : il faut que la France quitte le Burkina Faso": .
Avec le départ annoncé des soldats français, le Burkina Faso pourrait chercher à renforcer sa coopération militaire avec la Russie. Son premier ministre était ainsi récemment en visite officielle à Moscou.