Kishore Ramkhalawon, conseiller de district et président du village de La Laura, expose des magouilles et des gaspillages de fonds par millions. Au profit de certains "contracteurs" et d'une clique dirigeante.
"Je ne dors plus depuis un mois. J'ai subi une dépression", explose Chatan Anand (plus connu comme Kishore) Ramkhalawon. Pourquoi ? Il n'en pouvait plus de voir les dessous des contrats accordés à cinq "contracteurs" qui, selon lui, s'entendent entre eux pour en rafler le maximum. Cela concerne surtout le nettoyage de drains, le nouveau business qui fleurit un peu partout dans l'île, cela, après celui de leur construction. Et parmi ces cinq entrepreneurs, deux se désistaient toujours ou offraient des prix supérieurs aux autres pour être exclus volontairement. Comme Soopramanien Kistnen le faisait, ou plutôt était forcé à le faire.
Autre astuce, "pou bez kas", dit Ramkhalawon : la surfacturation. Il en donne un exemple, toujours pour le nettoyage de drains. "Un contracteur me dit qu'il ne reste que deux jours de travaux et qui allaient coûter selon moi Rs 40 000. Or, c'est un autre contracteur qui hérite du travail et réclame et est payé Rs 2,5 millions !"
Un autre exemple : "Alors que le nettoyage de sept drains allait coûter Rs 2 millions, au final, on a accepté des offres de Rs 17 millions, quand le maximum ne devrait pas dépasser Rs 7 millions. Où iront les Rs 10 millions ?" demande-t-il. Lorsque les journalistes lui ont retourné la question, il répond : "Il n'y a que le président du conseil, Sudhir Soonarane, le CEO, Gova Ramanjooloo, et les contracteurs qui décident." Et les autres membres du conseil ? "Muselés ! personne n'a droit même à la parole." Un ancien conseiller qui a eu le courage de dénoncer ces pratiques en présence du Premier ministre (PM) s'est vu éjecter du comité exécutif séance tenante, raconte Ramkhalawon.
Il fait bien comprendre que ses dénonciations n'ont rien à voir avec la politique. "Je suis et reste MSM. Je lance un appel au PM : que cela cesse avant qu'il ne soit trop tard." Il demande que les contrats qui vont être alloués aujourd'hui soient annulés. "Je ne veux plus faire partie d'un conseil où l'on ne pense qu'à toucher sa part du gâteau. Je n'y retournerai que s'il y a du changement."
La particularité du conseil de Moka, fief du PM, c'est qu'il bénéficierait du plus gros budget de la Land Drainage Authority pour le nettoyage de drains. Autre particularité, dit Ramkhalawon : "Le conseil ne s'intéresse qu'aux projets grandioses et néglige les petits qui améliorent la vie quotidienne des villageois." Il cite le cas de ces dames qui vendent des gâteaux au marché de St-Pierre et qui attendent depuis deux ans un extracteur. Et de l'achat du débroussailleur qui n'a pas été approuvé. "Des millions de roupies sont gaspillées alors que de plus en plus de citoyens vivent dans la misère. Rien pour le social !" Ramkhalawon souligne que ce qu'il dénonce n'est que le sommet de l'iceberg. "Ce cinéma dure depuis trois ans... "
Il s'insurge contre Sudhir Soonarane (et Ramajooloo, qui tous deux, on se rappelle, étaient cités dans l'affaire Kistnen/Sawmynaden.) Sudhir Soonarane et Gova Ramanjooloo sont restés injoignables.